“Je ne l’ai pas vu mais pourtant je l’ai vu…”

Chandra Kimbaya Skaff

p. 29-34

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Chandra Kimbaya Skaff, « “Je ne l’ai pas vu mais pourtant je l’ai vu…” », Revue Quart Monde, 240 | 2016/4, 29-34.

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Chandra Kimbaya Skaff, « “Je ne l’ai pas vu mais pourtant je l’ai vu…” », Revue Quart Monde [En ligne], 240 | 2016/4, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6740

En dépit des temps d’immense solitude et de la dépersonnalisation (jamais appelée par son prénom, mais seulement « servante ») qu’elle a connus, l’auteure a su développer sa conviction de l’engagement pour tout homme, auquel elle est fortement attachée.

Index de mots-clés

Joseph Wresinski

Je suis Chandra, sri-lankaise, je vis au Liban1. J’ai participé à deux rencontres internationales à ATD Quart Monde, avec Georges et Sœur Thérèse2, de Beitouna, et là, j’ai découvert le père Joseph.

Le père Joseph, je ne l’ai pas vu, mais pourtant je l’ai vu…

L’être humain est précieux

Quand je suis arrivée à Méry-sur-Oise3, beaucoup de choses m’ont fait impression et c’était comme si je l’avais rencontré. J’ai beaucoup aimé le père Joseph, j’ai vu son humanité, sa conviction de la dignité de tout homme, c’est ça que j’ai aimé. Là-bas, tout est porteur de sens, même les pierres, la terre, tout… Là où il a vécu, où il est passé, tout parle de la dignité, du droit, de la paix, de l’amour. Dans son bureau, j’ai vu les cœurs en papier que des gens avaient confectionnés pour exprimer qu’ils ont un cœur qui aime : le père Joseph a vu qu’il y en avait qui étaient au sol et des gens marchaient dessus4. Il a voulu les ramasser et les garder dans son bureau, ce sont des cœurs humains ; il exprime dans ce geste combien l’être humain est précieux pour lui. J’ai vraiment beaucoup apprécié.

L’avenir des enfants est primordial

J’ai eu la chance de trouver des livres sur le père Joseph dans ma langue sri-lankaise. J’ai aimé lire sa vie, combien il a lutté depuis son enfance contre les discriminations, il ne s’est pas laissé abattre. Tout ce que j’ai lu m’a marquée : sa volonté, son refus de baisser les bras, la décision de se dépenser pour que chaque homme soit reconnu. Le combat pour les droits de tous les enfants, c’est très important. J’ai beaucoup apprécié son respect de chaque personne, car c’est vraiment ce que j’ai toujours cherché. Il n’y a pas un homme qui ne soit assoiffé de paix et d’amour. On ne trouve pas toujours cet intérêt à la personne dans l’amour et la paix.

Je suis contente, je remercie le Seigneur d’avoir connu quelqu’un comme lui avant que je meure : le père Joseph. Je peux partir en paix car j’ai connu quelqu’un pour qui l’avenir des enfants est primordial. Vraiment, je désire que le Seigneur donne un avenir à chaque enfant, qu’il donne à chaque membre d’ATD Quart Monde la force pour ouvrir le chemin de la paix et de l’amour. C’est là ce que j’apprécie grandement.

Tout homme est un homme, tel qu’il est

Le père Joseph aime qu’on s’engage pour tout homme et qu’on existe les uns pour les autres. Tout ce que j’ai connu de lui me parle de la paix, en rejetant toute discrimination selon la couleur de la peau, la religion, la nationalité… L’homme a des droits inaliénables parce qu’il est un homme, tel qu’il est. J’ai beaucoup aimé la petite chapelle de Méry-sur-Oise, c’est un lieu de paix pour tous.

Enfin, je voudrais parler de notre rencontre avec Francine de la Gorce5 quand je suis venue à Méry. Elle était très fatiguée par son cancer. Elle nous a donné de son temps pour nous parler durant une heure. J’ai trouvé une vraie disciple du père Joseph dont elle voulait nous transmettre les convictions.

1 Voir Revue Quart Monde n° 232, Quelle histoire, pour quel avenir ?, 2014/4, pp. 41 à 42.

2 Chandra a rédigé son apport dans sa langue sri-lankaise, l’a transmis oralement en arabe pour être traduit en français par Sœur Thérèse Ricard.

3 À Méry-sur-Oise (Val d’Oise, France) se trouve le Centre international d’ATD Quart Monde où ont lieu un certain nombre de rencontres et de sessions

4 Cœurs en papier confectionnés pour le rassemblement lors de la première Journée mondiale du Refus de la misère en 1987 à Paris.

5 Francine de la Gorce - Didisheim, (1933-2011), fut la première volontaire à rejoindre définitivement le père Joseph Wresinski en avril 1960 au Camp

1 Voir Revue Quart Monde n° 232, Quelle histoire, pour quel avenir ?, 2014/4, pp. 41 à 42.

2 Chandra a rédigé son apport dans sa langue sri-lankaise, l’a transmis oralement en arabe pour être traduit en français par Sœur Thérèse Ricard.

3 À Méry-sur-Oise (Val d’Oise, France) se trouve le Centre international d’ATD Quart Monde où ont lieu un certain nombre de rencontres et de sessions de travail internationales.

4 Cœurs en papier confectionnés pour le rassemblement lors de la première Journée mondiale du Refus de la misère en 1987 à Paris.

5 Francine de la Gorce - Didisheim, (1933-2011), fut la première volontaire à rejoindre définitivement le père Joseph Wresinski en avril 1960 au Camp de Noisy-le-Grand.

Chandra Kimbaya Skaff

Sri-lankaise, Chandra Kimbaya Skaff a quitté son pays à l’âge de dix-sept ans pour travailler comme employée de maison au Koweit et en Arabie saoudite. Au Liban depuis dix-neuf ans, elle a épousé un Libanais dont elle a une fille et un garçon, et est veuve depuis un an. Elle est engagée avec beaucoup d’ardeur à Beitouna, lieu de mobilisation d’une population défavorisée de Beyrouth (Liban), en lien étroit avec ATD Quart Monde.

CC BY-NC-ND