Un « village de la paix »

Mascha Join-Lambert

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Mascha Join-Lambert, « Un « village de la paix » », Revue Quart Monde [En ligne], 160 | 1996/4, mis en ligne le 01 juin 1997, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/728

Pour dépasser les méfiances et les préjugés, permettre d'entreprendre ensemble.

Toutes les citations sont soit empruntées au journal Frieda n°s 1-1993 à 6-1995, soit proviennent des entretiens des 9 et 21 novembre et du 13 décembre 1995.

Située sur les berges d'un lac au sud-est de Berlin, Storkow était une petite ville prisée par les établissements de repos et les villas. Des unités importantes des armées est-allemande et soviétique y ont stationné. La réunification de l'Allemagne y a apporté, entre autres, le chômage. Les jeunes se sont retrouvés sans repères. Storkow a connu comme ailleurs des troubles néo-nazis. La municipalité a accepté de mettre en œuvre le « Friedensdorf » - « Village de la paix » -, projet-pilote de Cap Anamur, organisation non gouvernementale humanitaire allemande, qui donnait la possibilité à de jeunes Allemands de construire des maisons pour les étrangers au lieu de leur lancer des pierres. Outre les stages pratiques offerts à des classes professionnelles de la région, ce projet misait sur l'intégration à la fois de jeunes Bosniaques et d'un groupe de jeunes Allemands ayant besoin d'une « dernière chance ». Les travaux ont débuté en octobre 1993.

Plusieurs éléments décisifs pour la réussite durable du projet émergent lors de la phase de lancement :

  • malgré des remises en question du projet, bon nombre de gens du pays sont convaincus de sa justesse et y participent. Une association locale en devient le promoteur. Deux jeunes filles acceptent d'être responsables du bimestriel du « Friedensdorf ». Des autochtones et des entreprises régionales font des dons réguliers ;

  • des aides plus institutionnelles se confirment : une unité de l'armée contribue de manière substantielle aux travaux, des organismes de formation professionnelle acceptent de collaborer avec des jeunes ayant pour la plupart quitté l'école sans certificat ;

  • le défi professionnel que des gens du métier et des formateurs relèvent est essentiel. Mais il ne suffit pas pour expliquer pourquoi des jeunes en situation précaire vont jusqu'au bout du projet. L'ambiance qui règne sur le chantier est, en fait, capitale. « Au début, il y avait un membre de Cap Anamur qui connaissait le Viêt-Nam et d'autres pays. Il avait le don de voir dans le cœur de chacun. C'est lui qui a créé une ambiance de tolérance ici. Il quittait son bureau, prenait du temps pour le chantier. Si bien que celui qui arrivait avec ses soucis, il les oubliait dès le petit déjeuner »

Une phase de crise après la première année est surmontée grâce à la détermination des personnes impliquées sur place. Lorsque Cap Anamur se retire du projet au printemps 1995, l'association locale, encouragée par le succès déjà obtenu, reprend la tâche de maître d'œuvre. Elle veut aller au bout des treize maisons prévues, six sont alors habitables. Trois familles de réfugiés bosniaques, deux familles allemandes et un groupe de jeunes, soit quarante et une personnes, y emménagent. Au mois d'août 1995, un membre d'une des familles bosniaques est libéré d'un camp serbe pour prisonniers de guerre. Depuis trois ans, il n'avait donné aucun signe de vie. Spontanément, trois locataires allemands vont le chercher en Hongrie. Une grande « fête de famille » est organisée pour son retour. « Le projet est une réussite, déclare le maire. L'intégration ne passe pas par des brochures mais par la vie en commun ! » Cet événement soude davantage l'équipe, les locataires et les amis de Storkow.

Des éléments d'appui, pour la réussite.

Les relations étroites avec la région.

La volonté d'intégrer le « Friedensdorf » dans la vie de la région et de redonner à la population les dividendes d'une expérience positive fait partie des concepts de base du projet. Celui-ci démarre réellement lorsque le conseil municipal de Storkow le fait sien et que des administrés acceptent de se constituer en association locale responsable de sa gestion. Une des préoccupations majeures est le dialogue avec les habitants de Storkow, le principal outil de communication étant le journal qui offre une tribune libre à la population.

Certaines lettres frappent par leur manque de confiance a priori : « L'attribution de logements sera inique... Certains chercheront à tirer un profit personnel de l'expérience... » D'autres craignent pour leur tranquillité. Ils auraient préféré ne pas avoir à se confronter aux problèmes des étrangers et à la xénophobie. Des jeunes connaissent peu le projet : « C'est de la merde. Pourquoi ici ? J'habite juste là... Il n'y aura que des ennuis... Pourquoi ne s'occupe-t-on pas des jeunes d'ici ? Le club de jeunes qui doit venir, j'y crois pas » D'autres ont des avis plus tranchés : « C'est bien pour Storkow de rassembler les intérêts des jeunes étrangers et les nôtres »

L'extrême-droite affiche son opposition sur tous les murs de la ville : « Arrêtez la folie multiculturelle. C'est très bien de construire des logements pour les habitants de Storkow. Ce qui est incompréhensible et agaçant, c'est que des jeunes de nationalités les plus diverses y trouvent un emploi. N'y a-t-il pas assez de jeunes au chômage dans la région ? Votre « Friedensdorf » multiculturel est le préambule à une dénaturation et une dépossession volontaires de notre peuple »

L'équipe pédagogique, l'association et les écoles de la région coopèrent pour rencontrer les jeunes. Elles cherchent aussi à les rejoindre dans leurs temps de loisirs. Par exemple, elles proposent une sortie avec le mini-bus du « Friedensdorf ». Les jeunes refusent de monter dans le « bus des canaques ». Selon un professeur, imposer une rencontre directe et personnelle, provoquer des événements partagés, est la seule façon de leur faire prendre conscience de la valeur humaine de la personne inconnue ou étrangère. Les habitants et les ouvriers du « Friedensdorf » montent alors une équipe de volley-ball qui se mesure aux clubs locaux. Avec succès...

Après trois ans d'efforts et de succès, la persuasion par événement, la pédagogie de la rencontre, sont encore nécessaires pour ouvrir une population plus large aux étrangers quels qu'ils soient. Ce changement de mentalité passe aussi par des perspectives réelles d'emploi et d'habitat pour la population allemande.

La présence des jeunes

L'association locale veut accueillir des jeunes qui, sans un accompagnement engagé, risquent de tomber sous la coupe de groupes néo-nazis. Son id‚e est de les intégrer pendant un an sur le chantier tout en leur faisant bénéficier d'un enseignement technique de base. Au terme de cette année, en cas de succès, l'équipe pédagogique s'engage à être à leur côté dans leur recherche d'emploi ou de place en apprentissage.

Pour les dix-huit jeunes du premier groupe - quinze garçons et trois filles -, c'est un succès qu'expliquent en grande partie la bonne volonté des responsables de la formation professionnelle, l'engagement personnel des membres de l'association et de l'équipe pédagogique et l'atmosphère de pionniers qui règne sur le chantier.

Une association de promotion par le travail de la région accepte qu'après quelques mois de chantier, les jeunes du « Friedensdorf » suivent une formation dans ses locaux pendant que ses élèves les remplacent sur le terrain. Une relation concrète et vitale relie l'école et le chantier. Les jeunes se prennent au jeu. Aucun n'abandonne alors qu'au d‚part, tous étaient sceptiques quant aux cours théoriques trop « scolaires ». A la fin de l'année, l'Office du travail et plusieurs entreprises régionales acceptent d'épauler les jeunes. Il faut six mois pour trouver une solution pour chacun, ce qui montre le soutien dont ils ont besoin pour croire en un avenir.

Tout au long de l'année, l'équipe pédagogique sur place et les membres de l'association locale sont très présents. Un à deux professionnels sont à leur service pour les démarches administratives. Les jeunes font pleinement partie de l'aventure dont ils sont un rouage. La présence de réfugiés sur le chantier donne à ce dernier une internationalité enrichissante. Le caractère pilote de l'entreprise, manifeste par la sollicitation des médias, les événements publics créés autour et les visites d'hommes politiques, leur fait accepter d'être logés dans des baraques de chantier, de vivre tous les aléas d'une première année de lancement. Cela les rapproche les uns des autres tout en leur permettant de bâtir une pensée propre sur le « Friedensdorf ». Lorsque émerge la demande d'écarter six jeunes jugés pas assez performants ni représentatifs, ils écrivent : « En arrivant, aucun parmi nous ne savait ce que construire un « village de la paix » représentait. Il nous a fallu du temps pour nous connaître, et, pour beaucoup, ce fut difficile... Nous avons déjà dû nous séparer de trois personnes, ce qu'au fond nous regrettons... Aujourd'hui, on nous dit que six d'entre nous doivent partir. Nous ne comprenons pas, ce qui nous soude encore davantage. Sinon, ce projet ne doit pas s'appeler « village de la paix » » L'équipe pédagogique les soutient dans leur refus et les six jeunes restent.

Les difficultés rencontrées plus tard par le second groupe de jeunes illustrent a contrario les conditions de succès d'une entreprise d'intégration de jeunes très d‚favoris‚s. Onze garçons et trois filles de quinze à dix-huit ans dont trois jeunes Bosniaques sont choisis parmi de nombreux postulants. D'avril à juin 1995, ils reçoivent une formation théorique. En juillet 1995, ils rejoignent le chantier pour participer à la deuxième tranche des travaux. Un engrenage de difficultés et de malentendus d‚bouche sur une crise profonde : les jeunes se portent malades et désertent, ils profèrent en public des propos xénophobes. Les habitants du « Friedensdorf » confirment la scission : « Je ne peux comprendre des jeunes qui ne veulent vraiment pas travailler... Ces jeunes-là, il n'y a rien à faire avec eux » Selon l'éducateur, « l'équipe du chantier ‚tait unie et compétente lorsque les jeunes sont arrivés. Contrairement à ceux du premier groupe, ils n'étaient pas indispensables. Au fond, ils n'ont pas fait d'expérience différente de celle de toute leur vie. On n'avait pas besoin d'eux. De plus, les jeunes Bosniaques et Vietnamiens qui constituaient l'équipe de chantier ont un niveau intellectuel et des savoir-faire bien supérieurs et, pour eux, ces jeunes Allemands ne sont pas intéressants »

De plus, le chantier exige rendement et rigueur. L'année des pionniers a cédé la place au temps de la gestion et les responsables de l'association ont davantage la tête aux problèmes financiers qu'aux besoins d'accompagnement des jeunes pendant le week-end... Malgré beaucoup d'efforts, l'enthousiasme perdu ne peut être rattrapé et, pendant l'hiver, il est envisagé de clore l'expérience prématurément.

Suite à ce séjour, insérer les plus d‚munis des jeunes dans le monde du travail s'avère difficile. Pour l'un d'eux, une mesure d'habitat protégé semble le seul avenir possible. En tant que volontaires du Mouvement international ATD Quart Monde, nous avions fait connaissance de sa famille. Sa mère ne peut le reprendre. Son pÈre, travailleur polonais, est au chômage depuis la réunification. Il vit avec une femme qui est restée de longues années dans les prisons de la R.D.A. Tous deux ne peuvent, seuls, aider le garçon. Dans leur immeuble, une pétition contre eux a circulé. Ils ont de fortes dettes de loyer. Comme bien des parents des autres jeunes généralement logés en villes nouvelles dans des appartements réduits comparables aux HLM, ils n'accéderont jamais à une maison individuelle coquette comme celles construites au « Friedensdorf »

Voilà le dilemme auquel sont confrontés ces jeunes que l'on veut associer au projet. Cela était sans doute vrai aussi pour le premier groupe. Mais celui-ci avait baigné dans un climat d'enthousiasme, d'improvisation partagée et d'attention personnelle que n'a pas connu le second qui a ressenti son inutilité et son déclassement. Pour développer leur potentiel de tolérance et de fraternité, les jeunes ont besoin de les sentir à leur égard et de façon d'autant plus forte qu'ils sont démunis.

Une école de tolérance

Quatre familles bosniaques, deux familles allemandes et une communauté de jeunes travailleurs du chantier sont décidées à recréer la « vie de village » : entente et entraide. Ces trois générations revoient au prisme de la tolérance l'expérience qu'elles vivent. Elles convergent sur l'essentiel même si, selon leur itinéraire, elles placent les accents différemment.

« La tolérance est devenue un sujet de réflexion seulement avec la fin de la R.D.A. », disent les ménages allemands. « La tolérance, en tant que valeur, était enseignée en R.D.A., mais nous ne l'appliquions guère car les normes de comportement étaient les mêmes pour tous » Après 1989, plus personne n'a indiqué de schéma de pensée ni d'action : chacun a dû se demander pourquoi l'autre pensait et agissait différemment de lui. Les habitants du « Friedensdorf » connaissent des difficultés avec des Allemands. D'une maniÈre ou d'une autre, ils doivent les dépasser. Ils insistent, unanimes, sur le besoin de « comprendre ». Une jeune travailleuse dit : « J'ai trouvé dans la rue les tracts néo-nazis « Empêchez la folie multiculturelle à Storkow ». Ceux qui les écrivent n'habitent pas ici, c'est leur droit. Mais ils n'ont pas le droit d'écrire de telles choses : je leur conseillerais de faire l'expérience et de se rendre compte ainsi que les Bosniaques sont des gens "normaux" » Une jeune maman dit : « La tolérance, ce n'est pas quand il n'y a plus de conflits mais c'est d'apprendre à s'accepter d'abord soi-même ». Sa mère qui a quitté un logement délabré et isolé dans la campagne pour emménager au « Friedensdorf » ajoute : « Ceux qui ont souffert sont ceux qui donnent. Je le sais et je le comprends. J'ai souffert toute ma vie et je donne. Et je sais aussi qui m'aidera. Un homme est un homme comme un autre. Le même sang coule dans toutes les veines » La tolérance est donc pour eux un processus actif : chercher à rencontrer l'autre, à le comprendre, à lui venir en aide et à ne pas l'utiliser comme bouc émissaire pour des difficultés qu'on éprouve soi-même.

Mais la tolérance a ses conditions et ses limites. Il est difficile d'être tolérant lorsqu'on doit lutter pour son existence. Il est difficile d'être tolérant lorsqu'on a peur de l'inconnu, lorsqu'on est confronté à la violence. Cette réflexion est alimentée quotidiennement par les jeunes proférant la propagande néo-nazie. Au-delà de quel seuil faut-il manifester son refus ? Comment ? Faut-il éviter la confrontation ou au contraire la provoquer ? Le journal consacre un long article à cette recherche : « Je cesse d'être tolérant face à un comportement manifestement inhumain. C'est soit un fait de violence, soit des jugements péremptoires à l'encontre de groupes indistincts tels que « les » Albanais, « les » Vietnamiens, « les » Russes ou « les » bénéficiaires de l'aide sociale. Alors, je ne veux plus être tolérant. Mais je réfléchis à la manière de manifester mon intolérance. Si je n'ai rien à proposer, je risque de d‚tourner le regard et de devenir indifférent. Peut-être vivrais-je autrement et prendrais-je parti lorsque je serai témoin de faits inhumains ? Peut-être ferais-je connaître publiquement mon opinion pour en influencer d'autres ? Enfin, j'espère pour moi-même que ce « peut-être » deviendra réalité »

Pour les parents bosniaques, la tolérance est un bien rapporté du pays qu'ils refusent de perdre. « La tolérance, c'est une valeur qui est en chacun, que nous avons reçue de nos parents et que nous transmettons par l'exemple à nos enfants » La guerre a cependant ébranlé leurs certitudes. « Il faut que je rentre au pays pour interroger mes anciens élèves, dit un professeur, leur demander pourquoi ils ont tiré sur nous. Nous sommes tristes... Chacun se salit les mains dans la guerre. Aujourd'hui, chacun doit regarder en arrière et avoir honte pour toute sa vie ». Pour lui, la tolérance comporte un élément fort de sens communautaire. En se référant à ce que son peuple et lui ont vécu, il souligne que la peur casse la tolérance.

Les Bosniaques se montrent discrets quant à la xénophobie rencontrée en Allemagne. Ils affirment que les Allemands ne seraient pas agressifs à leur égard s'ils les connaissaient mieux, s'ils savaient qui est responsable de la guerre. Cette idée d’« ennemi commun » - qui déplace le problème de tolérance plutôt que de le résoudre - revient comme un leitmotiv au « Friedensdorf ». Il faut toutefois insister sur le « nous connaître, nous comprendre », qui est l'élément moteur de l'engagement de ces habitants. Etre confrontés à la culture occidentale n'est pas toujours simple pour les étrangers : ils découvrent le rôle public des femmes, ils doivent faire face à l'émancipation de leurs enfants... Et, pourtant, ils cherchent à recréer la vie de village, à pratiquer l'entraide, à vivre en famille.

Il faut donner une place particulière aux enfants qui participent à cette expérience. Les familles des ouvriers étrangers en R.D.A. qui ont pu de nouveau être réunies après 1990 ont connu d'énormes difficultés. Elles ont payé le prix fort de l'insécurité générale et des ressentiments grandissants des Allemands de l'Est. Des parents disaient à leurs enfants que les étrangers venus sur le chantier prenaient leur travail. Ils étaient indulgents face à leur agressivité. Lorsque les enfants de réfugiés bosniaques sont arrivés, ils étaient, et sont toujours, très isolés dans la cour de l'école. Un des garçons bosniaques a été battu par quelques jeunes de Storkow. Avec ses parents, il a décidé que c'était pour eux une manière de traduire leur mécontentement et d'oublier : « Les gars qui m'ont cassé la figure sont venus s'excuser. Point. Je n'ai plus de contacts, plus de conflits avec eux. Ils ne veulent plus avoir à faire avec moi. J'ai des amis allemands qui viennent chez moi. Leurs camarades sont opposés à notre amitié. Ils ont donc des problèmes parce qu'ils me parlent et viennent me voir » Une mère de famille est membre du Conseil d'école. Par son engagement, elle veut faire rayonner à long terme à l'extérieur, notamment à l'école, la vie du « Friedensdorf ». Elle reste cependant sceptique : « Lors d'une fête d'anniversaire à la maison, j'ai entendu les mots « fidjis » et « canaques ». J'ai fait mine de ne pas comprendre et j'ai engagé la discussion avec les enfants. Je les ai invités à imaginer qu'ils se rendaient dans un bar en France et qu'on les y traitait de « nazi ». Silence. J'espère ne pas avoir été trop loin ». Comment désamorcer l'emprise du groupe sur les enfants ? « On a tellement peur de dire une opinion personnelle. Donc de suite, on se range de l'avis du groupe. A leur âge, c'était un problÈme pour moi et encore aujourd'hui il me faut du courage pour d‚fendre une opinion différente de la majorité d'un groupe. Il faut une bonne dose de confiance en soi ». Les leaders ont des clichés dans la tête : la musique, les habits, avoir le dernier mot, être important, être remarqué. Ils répandent l'idée, généralement admise, que les étrangers sont de la « merde », qu'ils doivent partir, « foutre le camp ». Seulement peu, et les garçons encore moins, acceptent de les remettre en question. Les enfants eux-mêmes exclus sont les plus durs avec les étrangers. « Ils ont absolument besoin de quelqu'un d'encore plus petit qu'ils puissent écraser »

« Les enfants sont tout à fait capables de dépasser les apparences, de ne pas juger d'après un seul côté. C'est peut-être un peu de tolérance que de ne pas exiger d'un camarade de classe d'être conforme à une norme. Pour moi, c'est aussi un peu l'amour du prochain que de se donner la peine de regarder encore et encore de plus près », conclut cette mère de famille.

Mascha Join-Lambert

Mascha Join-Lambert, allemande, française par mariage, diplôme en sciences politiques, est volontaires du Mouvement international ATD Quart Monde. Elle y a longtemps été attachée à la coopération avec les organisations internationales européennes. Maintenant responsable de l'équipe d'Allemagne, elle vit, depuis trois ans, avec sa famille dans l'ancienne Allemagne de l'Est.

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