Bien avant l’appel de l’Abbé Pierre, Gabriel Rosset, professeur de lettres dans l’enseignement public, fonda à Lyon dans le quartier de la Guillotière, avec deux amis, des Conférences saint Vincent de Paul, le Foyer Notre-Dame des Sans-abri, dont la devise est « accueillir, héberger, accompagner et insérer ».
Le 23 décembre 1950, 11 sans-abri se présentèrent en ce premier jour. En 2018, ce sont des milliers de personnes ou familles qui sont accueillies dans les diverses structures progressivement édifiées dans l’agglomération lyonnaise et même au-delà : 8 centres d’hébergement d’urgence, 14 centres d’hébergement d’insertion, 1 halte de nuit, 4 accueils de jour, 1 atelier et chantier d’insertion. L’animation et la gestion de cet ensemble sont assurées par 308 salariés et 1270 bénévoles.
On l’aura compris, Gabriel Rosset a été un infatigable constructeur pour répondre aux besoins de ceux qu’il appelait Ses « hôtes » : « malades guéris sortis de l’hôpital, détenus libérés, chômeurs, Nord-Africains sans emploi et sans ressource, petits salariés sans chambre, clochards professionnels ».
Pendant 17 ans, il a mené de front son enseignement et la responsabilité du Foyer. À l’âge de la retraite, il a choisi de vivre au cœur de l’association. Il y a reçu l’Abbé Pierre et Mère Teresa. Il s’est rendu à Castelgondolfo pour rencontrer le pape Paul VI. Il a visité Jean Vanier à Trosly-Breuil et Joseph Wresinski à Noisy.
L’auteur nous fait revivre le cheminement de cet itinéraire hors du commun, cette aventure humaine de solidarité active dans laquelle Gabriel Rosset a entraîné des milliers de bénévoles, mobilisé des soutiens multiples (églises, municipalités, entreprises), suscité des vocations d’engagement.
Mais il nous révèle aussi les sources où Gabriel Rosset puisait ses énergies, comme son assiduité à la prière et sa fréquentation durable de la Trappe des Dombes. Il nous fait connaître les amitiés spirituelles qui l’ont influencé, comme celles de Fernand Portal, Marcel Legaut, Antoine Martel, Jules Michelet…, sans oublier la référence à la Paroisse universitaire.
Il nous apporte le témoignage de nombreux collaborateurs de son Œuvre, ayant lui-même rencontré Gabriel Rosset à la fin des années 1960, étant devenu bénévole du Foyer depuis 2007 et secrétaire de l’Association des Amis de Gabriel Rosset qui soutient son dossier au Vatican en vue d’une éventuelle béatification.
La biographie d’une personnalité, unanimement respectée, qui a marqué l’histoire des années 1950-1970. Ne l’a-t-on pas considéré comme « l’Abbé Pierre » de la région lyonnaise ?