Arnaud Parienty. Le mythe de la « théorie du ruissellement »

Éd. La Découverte, 2018

Brigitte Bureau

p. 58-59

Référence(s) :

Arnaud Parienty. Le mythe de la « théorie du ruissellement ». Éd. La Découverte, 2018, 149 p.

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Brigitte Bureau, « Arnaud Parienty. Le mythe de la « théorie du ruissellement » », Revue Quart Monde, 252 | 2019/4, 58-59.

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Brigitte Bureau, « Arnaud Parienty. Le mythe de la « théorie du ruissellement » », Revue Quart Monde [En ligne], 252 | 2019/4, mis en ligne le 01 décembre 2019, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8364

Dans ce petit essai, l’auteur, économiste, s’attache à démontrer (et démonter) la rhétorique et la politique troubles qui se cachent derrière la résurgence, depuis quelques années, de l’idée de « ruissellement », en particulier aux États-Unis et en France.

Ce mécanisme consisterait à justifier les mesures favorisant les plus riches (par des cadeaux fiscaux par exemple) puisque cet accroissement de leur richesse redescendrait naturellement sur l’ensemble des couches sociales moins favorisées. En effet, selon les adeptes de cette métaphore, relevant plus de la physique que de l’économie, le fait d’augmenter la richesse et l’épargne des plus riches les entraînerait automatiquement à investir. Les investissements favoriseraient l’emploi, relanceraient l’économie, entraîneraient une hausse du pouvoir d’achat qui conduirait à une augmentation de la demande et donc de l’offre, et, au final, plus de personnes ayant des revenus plus élevés. Un élargissement de l’assiette de l’impôt permettrait de compenser les mesures en faveur des riches.

Or, selon l’auteur, d’une part ce mécanisme n’a rien d’une théorie scientifique. Au contraire, les modèles économiques comme les analyses sérieuses faites par des économistes font état de la complexité des rapports entre l’impôt, l’épargne, l’investissement…, et démontrent que l’économie ne fonctionne pas par ruissellement du haut vers le bas. La plupart du temps, les mesures favorables aux riches ne font que creuser les inégalités. Dans le meilleur des cas, si elles sont très ciblées et dans des contextes particuliers, elles peuvent ne pas nuire au développement économique.

D’autre part, cette utilisation de l’image du ruissellement a cela de paradoxal que ceux qui s’en inspirent dans les faits, refusent fermement de s’en réclamer. Pour l’auteur, ce déni sert à masquer l’impossibilité dans laquelle les politiques se trouvent, dans un marché libéral et mondialisé, de faire autrement que de creuser les inégalités : l’image ne sert qu’à faire avaler la pilule en faisant miroiter un espoir de redistribution future. Le ruissellement fonctionne, non pas comme une théorie mais comme un mythe, c’est un récit qui résiste de façon inébranlable aux observations des mécanismes réels.

L’auteur dénonce donc cette image du ruissellement au regard de la connaissance actuelle des mécanismes complexes de l’économie, mais aussi la tromperie et le manque de courage des politiques et des médias face aux citoyens auxquels ils servent cette fable.

Brigitte Bureau

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