Pierre Pierrard, L’Eglise et la révolution, 1789-1889

Nouvelle Cité, Paris, 1988, 273 pages.

Jean et Guillemette Poex

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Pierre Pierrard, L’Eglise et la révolution, 1789-1889, Nouvelle Cité, Paris, 1988, 273 pages.

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Jean et Guillemette Poex, « Pierre Pierrard, L’Eglise et la révolution, 1789-1889 », Revue Quart Monde [En ligne], 131 | 1989/2, mis en ligne le 18 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8857

1789-1889, cent ans d’histoire durant lesquels s’affrontent deux attitudes opposées de l’Eglise par rapport à la Révolution.

Le 13 juin 1789, trois curés élus aux Etats généraux rejoignent le Tiers Etats. Ils sont suivis par d’autres membres du bas clergé. Ceux-ci « associent de plus en plus leur cause à celle de leurs ouailles » et contribuent à la suppression des privilèges en soutenant l’égalité des hommes.

1889, cent ans plus tard, le congrès catholique dresse un bilan négatif de la Révolution.

L’ « euphorie de 1789 » fut courte ; la constitution civile du clergé et ses suites, l’ « épreuve du serment » divisèrent le clergé de France en jureurs et réfractaires, en défenseurs des principes de 1789 des droits de l’homme – pour eux conformes à l’évangile – et en défenseurs d’un ordre établi en vertu des droits de Dieu et de la Tradition.

Pierrard analyse l’influence de ces deux courants dans la pensée d’écrivains, historiens, philosophes et théologiens : J. de Maistre, L. de Bonald, Lamennais, Michelet, Ozanam, A. de Tocqueville, Taine.

Il montre comment évolue l’attitude de l’Eglise et du pouvoir en un temps où la société se transforme en s’industrialisant et voit la naissance de la « classe ouvrière ».

Dès lors, dans la pensée commune, le pauvre, c’est l’ouvrier. Entre lui et l’Eglise dominante, un fossé se creuse. Survient un événement capital : le soulèvement de la Commune qui marque la rupture entre l’Eglise gardienne d’un ordre moral et le peuple « socialiste », « revendicatif et fauteur de trouble ».

A partir de 1871, la catholicisme social et les cercles ouvriers transportent la contre révolution sur la terrain social. Leur but est « le dévouement de la classe dirigeante à la classe ouvrière… » Les associations religieuses, les congrégations se développent.

Mais en 1889, un constat s’impose : après un siècle d’espoir, de débats, d’approche de la liberté, l’égalité des hommes n’est qu’un leurre et l’Eglise est là pour cautionner cet état de fait.

A la lecture de ce livre, on constate que le pauvre joue un rôle qu’il n’a jamais choisi. C’est en son nom que sont réclamées toutes les libertés mais il reste soumis à l’ordre établi et tenu à la résignation. A terme, des questions restent en suspens :

-qu’est devenu le Christ, pauvre parmi les pauvres pour ceux qui prétendent agir en son nom ?

-le pauvre est-il un homme tout simplement ?

En cette année du bicentenaire, P. Pierrard conclut : « les travaux d’historiens, la pastorale et la religion populaire permettent d’aborder la commémoration avec plus de sérénité qu’il y a cent ans ».

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