Le lien qui unit ces sept nouvelles, c’est l’art d’Inès Cagnati. Elle marie la description du plus profond de ses personnages, détresse, misère, rejet et solitude, avec dans cette boue, comme de véritables diamants ; la richesse de la nature, formes, couleurs, odeurs, explosion de beauté humble ou luxuriante, beauté ressentie par l’enfant, l’adulte, les plus pauvres de tout.
Ce sentiment d’amour pour ces fleurs dont chacune est nommée, de cette eau qui lave et rend léger, de cette terre qui nourrit, vient en contrepoint de l’horreur la plus insoutenable ; il éveille comme un espoir déchirant, une impression que le bonheur serait possible.
Ce déchirement est d’autant plus aigu qu’Inès Cagnati sait y mêler quelques notes d’humour. Un livre qui laisse l’esprit et le cœur remplis de joie et de tristesse profondes, avec comme une envie d’ouvrir les bras avec délicatesse à tous ces personnages : le père travailleur aux idées à la fois bornées et fluctuantes, qui sait si bien chanter des airs d’opéra ; la mère aux silences éloquents, à la tendresse sous-jacente exprimée ; les sœurs qui se jalousent ; la petite étrangère dont le départ révèle les trésors d’amitié ; les grands-parents enfin, et leur joie saccagée.