« J’ai vécu dans une famille où nous nous aimions, où mon père et ma mère ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour nous », écrit Jean-Pierre Tournemine après avoir relu son livre écrit en prison. « Je ne voudrais pas que mon amertume passée défigure le vrai visage des gens de ma famille, de mon père et de ma mère ».
De 1968 à 1972, entre sa vingt-et-unième et sa vingt-cinquième année, l’auteur vit avec sa famille au bidonville de Noisy-le-Grand dans la région parisienne. Il dessine les traits forts de ces hommes et de ces femmes, animés par le refus de l’humiliation, leurs corps usés, leur vie de famille et leur vie de travailleurs, défigurés par la misère. Et malgré la mouscaille, l’amour est toujours là ; on le reconnaît au détour d’une page, dans un moment de calme, un geste de tendresse, un enfant.
Ce témoignage se lit d’un trait. « Ce récit m’a déchargé comme on décharge un fusil », dit l’auteur. On lit comme on reçoit une balle en plein cœur.
Ces familles s’aiment. Ces pères et ces mères font tous ce qu’ils peuvent pour leurs enfants. Mais ils sont complètement ravagés par la misère. Ce n’est pas possible qu’un tel gâchis continue.