Patrick Viveret, Reconsidérer la richesse

Ed. de l’Aube, coll. Aube Nord, 2003, 233 p.

Daniel Fayard

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Patrick Viveret, Reconsidérer la richesse, Ed. de l’Aube, coll. Aube Nord, 2003, 233 p.

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Daniel Fayard, « Patrick Viveret, Reconsidérer la richesse », Revue Quart Monde [En ligne], 191 | 2004/3, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8981

La plus grande partie de cet ouvrage est consacrée au rapport de la mission réalisée par l’auteur à la demande, en juillet 2000, de Guy Hascoët, alors secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire : Les nouveaux facteurs de richesse (janvier 2002). Y est joint le texte d’une conférence sur ce thème prononcée à Lille (décembre 2002)

Conseiller référendaire à la Cour des comptes, Patrick Viveret est aussi philosophe et son questionnement principal est relatif à notre « désir d’humanité » : Qu’allons-nous faire de notre planète, de notre espèce, de notre vie ? Il s’agit de penser autrement le rapport du développement humain avec le développement durable. Il s’ensuit une critique des instruments de mesure de ce développement que sont les indicateurs habituellement utilisés, mais à cet égard les travaux d’Amartya Sen et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont récemment ouvert une brèche prometteuse. Plus fondamentalement peut-être, ce sont nos modes de production, de consommation, de vie tout simplement, qu’il convient de réexaminer. Nous ne sommes pas confrontés d’abord à un problème de moyens, mais plutôt à un défaut de volonté politique et sociale pour les mobiliser, par exemple, dans l’éradication de la faim et des grandes épidémies, dans l’accès de tous à l’eau potable, à un logement décent et aux soins de base. La question mondiale du développement humain durable est pour l’auteur une question éminemment personnelle. « Il nous faut donc nous donner les moyens de nous organiser, d’échanger, de nous entraider pour que ce qui compte vraiment dans nos vies prenne toute sa vraie valeur. En latin, la valeur (valore) est la force de vie. Rien n’est plus caricatural que de l’avoir transformée en monnaie »

Le rapport s’efforce de clarifier les notions de richesse, de valeur, d’utilité, de croissance, de productivité, ainsi que les différentes fonctions de la monnaie. Cette clarification est nécessaire pour ne pas se laisser abuser par de fausses évidences. « On finit par adopter comme une loi naturelle l’idée que ce sont les entreprises qui produisent de la richesse tandis que les services publics et sociaux la prélèvent ; que des activités (manifestement) destructrices donnent droit à gagner de l’argent tandis que d’autres, vitales pour la collectivité humaine comme donner la vie, éduquer, préserver l’environnement, ne le permettent pas ; que certains puissent disposer de quantités considérables de monnaies sans rapport avec leur effort ou leur mérite tandis que d’autres se retrouvent, au cœur de l’abondance, dans des situations de misère ou de grande pauvreté... » Le rapport propose en conclusion quelques axes de transformation pour aborder autrement ces réalités et alimenter un débat public sur la vraie richesse (ou les vraies richesses) qu’il nous importe de considérer.

Daniel Fayard

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