Sylvie Germain, Hors champs

Éd. Albin Michel, Paris, 2009, 195 pages.

Anne de Maissin

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Sylvie Germain, Hors champs, Éd. Albin Michel, Paris, 2009, 195 pages.

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Anne de Maissin, « Sylvie Germain, Hors champs », Revue Quart Monde [En ligne], 213 | 2010/1, mis en ligne le 01 juillet 2010, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9058

Roman sur l’abandon et l’exclusion à travers les faits, gestes, sentiments, perceptions d’un homme, Aurélien.

Le roman démarre sur une note humoristique avec une fête organisée chez les voisins d’Aurélien, « la crémaillère du vide », leur bibliothèque ayant été supprimée au profit d’un e-book ! Mais ce vide des voisins va toucher notre héros.

Sylvie Germain raconte ici la trajectoire d’un homme simple, un Monsieur-Tout-Le-Monde, confronté à ses origines. Né d’un père inconnu (réduit à une odeur par sa mère), et d’une mère polonaise au nom imprononçable, élevé par un homme du spectacle, demi-frère d’un garçon handicapé à la suite d’une agression, Aurélien est au croisement de destins qui l’ont façonné malgré lui, victime des autres sans avoir rien fait.

En une semaine, cet homme va devenir invisible aux siens... d’abord ces derniers le voient flou, l’entendent mal, puis au fil des jours ils ne le voient plus du tout et ne l’entendent plus. Et pire encore, il sort aussi de la pensée et de la mémoire de ceux qui lui étaient proches et cela dans le tumulte de la vie quotidienne de chacun qui continue, indifférente en apparence à cette disparition, à cet effacement, à cette mise au ban. Seul Joël, le frère handicapé, reconnaît son ultime présence et tente en vain de prononcer son nom !

Ce roman de Sylvie Germain décrit des situations quotidiennes d’indifférence et d’exclusion ; elle nous en parle à travers les ressentis psychologiques de cet antihéros qu’est Aurélien, qui perd son identité et se sent abandonné de tous, n’existant plus pour personne. Ainsi sont tous ces clandestins de la vie qui finissent par disparaître et se noyer dans l’indifférence générale.

Ce pourrait être tragique et désespérant. Pourtant, quelque chose dans l’écriture de Sylvie Germain fait qu’il reste une certaine légèreté, un souffle d’humanité et de sagesse qui conduit au détachement du monde, sans révolte ni colère.

Anne de Maissin

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