Esther Duflo, Le développement humain, lutter contre la pauvreté

Éd. du Seuil, Paris, Coll. La République des Idées, 2010,105 p.

Daniel Fayard

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Esther Duflo, Le développement humain, lutter contre la pauvreté, Éd. du Seuil, Paris, Coll. La République des Idées, 2010,105 p.

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Daniel Fayard, « Esther Duflo, Le développement humain, lutter contre la pauvreté », Revue Quart Monde [En ligne], 213 | 2010/1, mis en ligne le 01 juillet 2010, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9061

Voici publiées en deux courts volumes les quatre leçons données en janvier 2009 au Collège de France par une jeune économiste de 37 ans, première titulaire de la chaire internationale « Savoirs contre pauvreté » créée en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD).

Le premier volume est consacré au capital humain (la promotion de la santé, l’investissement dans l’éducation et la formation), le second aux institutions (la lutte contre la corruption, l’élaboration d’une meilleure gouvernance, l’organisation des marchés).

Formée en grande partie aux USA, Esther Duflo développe une approche pragmatique : qu’est-ce qui est efficace et qu’est-ce qui ne l’est pas dans ce qui est entrepris dans la lutte contre la pauvreté ? Deux maîtres mots la caractérisent : expérimentation et évaluation.

Son analyse et sa réflexion se fondent sur des travaux récents réalisés dans divers pays, qui utilisent une méthode expérimentale, généralisée depuis une dizaine d’années en économie du développement. Inspirée des essais cliniques en médecine, elle consiste pour l’essentiel à comparer des groupes tests ayant bénéficié d’un programme, d’une action ou d’une politique spécifique avec des groupes témoins analogues n’en ayant pas bénéficié.

On peut ainsi mesurer à la fois la nature, l’impact et l’ampleur des changements apportés par ce programme, cette action ou cette politique spécifique, ce qui donne une précieuse indication pour savoir s’il convient de la développer ou non et éventuellement la corriger ou l’améliorer dans certaines de ses modalités.

Cette évaluation, toujours locale, se fait au plus près du terrain à partir du recueil de données statistiques et d’entretiens avec les personnes censées être bénéficiaires de l’action ou de la politique en question.

Sans de telles expérimentations rigoureusement évaluées, on ne peut savoir ce qui « marche le mieux » dans un contexte donné. Le critère déterminant d’appréciation est le changement effectif apporté dans la vie des populations les plus pauvres et l’objectif à atteindre est le changement le plus notoire ou le plus substantiel possible.

Si le lecteur consent à délaisser des approches parfois trop macro-économiques des problèmes du développement et s’il accepte la pertinence d’évaluations à la base d’investissements concrets, comme la distribution de moustiquaires, l’accès au crédit, les infrastructures scolaires et médicales, l’amélioration de la gouvernance locale, etc. alors il trouvera en Esther Duflo une source d’informations et de réflexions stimulantes, pour aiguiser sa propre perception de la lutte contre la pauvreté.

Deux ouvrages de facture accessible, même à de non-spécialistes.

Daniel Fayard

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