Frédérique Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, L’autre de Gaulle

Editions du Cerf, Paris, coll. Histoire Biographie, 2004, 238 p.

Daniel Fayard

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Frédérique Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, L’autre de Gaulle, Editions du Cerf, Paris, coll. Histoire Biographie, 2004, 238 p.

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Daniel Fayard, « Frédérique Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, L’autre de Gaulle », Revue Quart Monde [En ligne], 193 | 2005/1, mis en ligne le 01 juillet 2005, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9241

Une nouvelle biographie consacrée à Geneviève de Gaulle-Anthonioz (cf. celle de Caroline Glorion, aux éditions Plon en 1997), réalisée cette fois-ci par une jeune historienne de 32 ans, de surcroît secrétaire générale de la Fondation Charles de Gaulle. Son auteur n’a d’ailleurs pas manqué de mettre en valeur la parenté de conviction entre le Général et sa nièce, qu’elle appelle “ l’autre de Gaulle ”.

L’histoire de “ Geneviève ” est donc restituée depuis ses origines familiales jusqu’à ses derniers moments (1920-2002), bien insérée dans le contexte socio-politique de la France du XXème siècle, où il lui fallut traverser de nombreuses et douloureuses épreuves, entreprendre de rudes combats contre la barbarie nazie d’abord, contre la misère ensuite, dans une fidélité constante à des valeurs héritées de son milieu, avec une pugnacité pour le respect des droits de tout être humain et une solidarité sans faille avec ses compagnes déportées comme avec sa “ famille du Quart Monde ”.

C’est la figure d’une “ grande dame ” qui nous est ainsi transmise. Le récit nous la rend attachante, proche, voire fraternelle. Car ce qui ne peut pas ne pas toucher le lecteur c’est l’expérience indicible du malheur (ceux qui ne l’ont pas éprouvé dans leur chair peuvent difficilement en prendre la mesure) alliée à une foi indéfectible dans la capacité humaine d’y puiser une force salvatrice pour tous.

Geneviève aimait citer cette phrase d’André Malraux : “ Au mal absolu ne peut répondre que la fraternité ” (p. 87) et ces propos de Joseph Wresinski qui la complètent “ L’écoute de l’autre n’est pas d’assumer sa peine, c’est de changer sa peine en joie. Ce n’est pas de devenir désespéré avec les désespérés. C’est de faire vivre l’espérance de ceux qui sont désespérés ” (p. 177). C’est ce dont Geneviève a témoigné dans la Résistance, à Ravensbrück comme au sein d’ATD Quart Monde.

Ecrire la biographie d’une personnalité contemporaine engagée, comme le fut Geneviève de Gaulle Anthonioz, dans de multiples réseaux de relations avec des personnes œuvrant dans divers milieux (politiques, artistiques, associatifs... ) et impliquée dans tant de démarches au sein des institutions de son pays, c’est immanquablement prendre le risque bien sûr de ne pas pouvoir tout dire (ce qui est compréhensible) mais aussi, du moins ici, par défaut sans doute de vérification auprès d’ATD Quart Monde, de commettre des inexactitudes dans la datation de certains événements, dans la nature de certains travaux, voire dans les fonctions de certaines personnes citées. On peut souhaiter, pour l’Histoire, que celles-ci soient corrigées s’il devait y avoir une réédition de cet ouvrage.

Qu’il ait vécu ou non lui-même cette période historique, le lecteur trouvera dans ce récit biographique l’illustration d’un engagement humain et peut-être une leçon de citoyenneté.

Daniel Fayard

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