Jacques Baratier, L’entreprise contre la pauvreté, la dernière chance du libéralisme

Éd. Autrement. ColI. Frontières, 2005, 186 pages, Préface de Jean-Claude Guillebaud.

Daniel Fayard

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Jacques Baratier, L’entreprise contre la pauvreté, la dernière chance du libéralisme, Éd. Autrement, Coll. Frontières, 2005, 186 pages, préface de Jean-Claude Guillebaud

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Daniel Fayard, « Jacques Baratier, L’entreprise contre la pauvreté, la dernière chance du libéralisme », Revue Quart Monde [En ligne], 197 | 2006/1, mis en ligne le 25 mai 2020, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9346

« La lutte contre la pauvreté par l’économique et la création d’entreprises est la seule l’oie qui a des chances de réduire si ce n’est de supprimer les causes du terrorisme et de la guerre, en apportant aux pays défavorisés l’espoir d’une amélioration réelle et durable, en donnant un projet à ceux qui n’ont aujourd’hui comme perspective que de survivre une journée de plus. Mais elle est aussi une chance pour offrir à toutes les populations de notre planète, riches et pauvres, un moyen de renouer avec le cercle vertueux de la croissance en développant de nouveaux marchés solvables » (p. 122)

Cet extrait peut servir de résumé non pas à la thèse, mais au message de l’auteur qu’il délivre à l’âge de 83 ans, au terme de sa carrière de dirigeant d’entreprise et plus encore de toute une vie consacrée au développement solidaire, d’abord dans le cadre d’une économie de pays riche (la France en l’occurrence), puis dans celui de pays pauvres du Sud (Congo, Gabon, Cambodge notamment) pour lesquels il a fondé l’association Agrisud. Une grande partie de l’ouvrage est consacrée aux leçons tirées de son expérience dont le fil rouge est de savoir mettre en œuvre un management d’entreprises adaptées à l’environnement et aux besoins réels et prioritaires des populations les plus démunies, en commençant dans les pays du Sud par les cultures vivrières. Là, il y a selon lui des préalables à tout projet de développement : une bonne évaluation des besoins du marché, une formation ainsi qu’un suivi économique et technique des exploitants, une organisation des filières pour la commercialisation de la production, l’existence d’un centre professionnel de ressources.

On l’aura compris. Il ne s’agit pas d’une action humanitaire, par ailleurs légitime pour faire face à des urgences et relevant naturellement de la solidarité et du mécénat, ni même d’une pratique de micro-crédits souvent limitée aux seuls besoins d’une survie familiale. Il s’agit de faire accéder au métier et au statut d’entrepreneur qui doit permettre à des hommes et à des femmes non seulement de gagner leur vie mais de devenir des acteurs économiques au bénéfice de leur région. Il s’agit de créer des richesses pour la communauté. Pour Jacques Baratier, seule l’entreprise est capable de le faire. Il affirme : « La lutte contre la pauvreté, c’est la vocation même de l’entreprise »

Cette transmission d’expérience et de conviction, chargée de sens et d’espoir, est précédée de deux apports historiques. D’abord une longue introduction autobiographique où l’auteur opère une relecture de son parcours à la fois personnel et professionnel, marquant les raisons et les étapes de ses engagements successifs. Puis une analyse sans concession de l’évolution d’une part du système libéral, depuis les pères fondateurs du libéralisme au XVIIIe siècle jusqu’aux dérives du néolibéralisme contemporain, d’autre part de l’aide publique au développement qui s’est trompée de cible et de priorité. Pour en appeler à une nouvelle conception de la croissance, fondée sur la concertation, le partenariat et la complémentarité.

D’une lecture facile, accessible à tous, cet ouvrage propose une réflexion stimulante pour résister à la pensée unique (« There is no alternative ») et s’engager dans des projets concrets capables de libérer vraiment des êtres humains de la pauvreté en leur donnant les moyens de maîtriser leur propre développement.

« Un cri de colère contre le monde économique et politique néolibéral tel qu’il va, et un message d’encouragement »

Daniel Fayard

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