Diana Faujour Skelton et Jean Stallings. Les mots des autres

Éd. Quart Monde, Montreuil, 2020

Daniel Fayard

p. 60

Bibliographical reference

Diana Faujour Skelton et Jean Stallings. Les mots des autres. Éd. Quart Monde, Montreuil, 2020, 337 p. (1ère édition : Until the sky turns silver, Sondiata Global Media, Royaume-Uni, 2018)
https://www.atd-quartmonde.fr/produit/les-mots-des-autres/

References

Bibliographical reference

Daniel Fayard, « Diana Faujour Skelton et Jean Stallings. Les mots des autres », Revue Quart Monde, 256 | 2020/4, 60.

Electronic reference

Daniel Fayard, « Diana Faujour Skelton et Jean Stallings. Les mots des autres », Revue Quart Monde [Online], 256 | 2020/4, Online since 01 December 2020, connection on 03 December 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10106

Il est rare que les auteurs d’un roman prennent eux-mêmes le soin de mettre en annexes (et ici longuement : 8,6 % de l’ouvrage !) des éléments biographiques de leur propre vie et, de surcroît, le récit d’un personnage bien réel qui a inspiré leur scénario. Sans doute pour bien manifester au lecteur que leur fiction n’est pas le pur produit de leur esprit mais s’est nourrie d’une vie partagée dans la durée, d’une aventure peu commune qui méritait d’être contée.

Un roman militant, à vocation pédagogique, pour faire exister et faire comprendre les émotions et les réflexions qui sont le lot quotidien d’une équipe du Mouvement ATD Quart Monde. Mais celle-ci a ceci de particulier qu’elle est aux prises avec la préparation d’un événement international de premier plan, la journée mondiale du refus de la misère, et avec l’Organisation des Nations Unies, un partenaire d’autant plus convoité qu’il est institutionnellement incontournable et humainement habité par des gens qui majoritairement n’ont aucune expérience de la pauvreté.

Déjà le « comment faire » comporte de nombreux défis à relever, nécessitant imagination, détermination, diplomatie, patience, capacité de mobilisation et d’organisation. Mais le fil rouge, ici, serait plutôt le « comment dire » car il s’agit de l’élaboration d’un discours qui soit porteur d’une réalité vécue et d’un message audible.

Accompagner et convaincre Tanita et Ahmed qu’ils sont capables d’exprimer publiquement ce qu’ils ont à dire au nom des leurs. Accompagner et convaincre Blandine et Varlag de venir entendre ce qu’ils ont à comprendre. Comment trouver les mots, les motivations, les arguments les plus appropriés pour traduire cette « conviction accompagnatrice » auprès des uns et des autres ? Tout un art du dialogue, inscrivant des paroles pertinentes au fil des conversations pour lever les obstacles personnels invoqués et dissuader les objections spontanées qui ne manquent pas de surgir face à cet événement du « 17 octobre » aux vertus provocatrices : à quoi bon cette liturgie annuelle ? Un discours peut-il vraiment changer la donne ? Notre vie et notre société en sont-elles transformées ?

C’est là que les annexes sont bien utiles pour se rendre compte du bien-fondé des raisons de croire aux vertus salutaires d’une foi persévérante. En témoignent par exemple ces dernières lignes du livre.

« Il y a tant de lieux et tant de situations où nous sommes dans le pétrin ! Mais on ne peut jamais se permettre d’abandonner. Nous devons chasser les doutes, la peur et la colère. Je me sens parfois découragée face à l’adversité, mais vais-je laisser la négativité prendre le dessus ? Puis-je la laisser prendre le contrôle sur ma vie ?
La réponse est non. On ne peut jamais laisser cela se produire. Et on ne baissera jamais les bras ».

Daniel Fayard

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