Martine COLIGNON, Exclusion, précarite et médiation créatrice

Sortir du cagibi de la solitude. Éd. Eres, collection Trames, 2020

Brigitte Bureau

p. 60-61

Référence(s) :

Martine COLIGNON, Exclusion, précarite et médiation créatrice. Sortir du cagibi de la solitude. Éd. Eres, collection Trames, 2020, 290 p.

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Brigitte Bureau, « Martine COLIGNON, Exclusion, précarite et médiation créatrice », Revue Quart Monde, 257 | 2021/1, 60-61.

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Brigitte Bureau, « Martine COLIGNON, Exclusion, précarite et médiation créatrice », Revue Quart Monde [En ligne], 257 | 2021/1, mis en ligne le 01 mars 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10176

Martine Colignon est à la fois plasticienne et thérapeute. Ce livre s’appuie sur sa pratique auprès de personnes qui, après des pertes en cascade de toutes leurs sécurités physiques, psychiques, sociales, sont dans un tel état d’abandon d’elles-mêmes et d’exclusion qu’elles ne sont plus accessibles aux soins et encore moins à une démarche de réinsertion.

La situation des personnes en situation d’extrême précarité a obligé au rapprochement des champs médical, psychiatrique et social pour leur prise en charge. C’est dans cette polyvalence que s’inscrit l’auteur, mais en proposant une approche complémentaire, parfois préalable à toute autre, avec des ateliers de création individuels et/ou collectifs, à partir des arts plastiques ou de l’écriture/lecture.

Le texte décrit de façon très sensible toute la complexité et l’engrenage infernal des processus pouvant conduire au gouffre dans lequel certaines personnes se trouvent enfermées. Ce faisant, il invite à distinguer les différences, de nature ou de registre, de termes souvent confondus : solitude-isolement, douleur-souffrance, dépression-mélancolie-burn-out, précarité-pauvreté- exclusion. Les descriptions font souvent appel à des métaphores tant les vécus sont difficiles à transcrire. Elles sont entrecoupées par des récits plus concrets de séances avec de multiples personnes, par des évocations d’œuvres d’art, de films, de mythes qui ne sont pas là pour illustrer mais pour montrer à quel point la création, l’imaginaire constituent un chemin indispensable à l’expression et à la restauration de l’être.

Pour l’auteur, cette démarche est parfois la seule chance de rétablir un soupçon de désir de vivre et de communiquer chez des personnes qui ne sont plus en mesure de supporter la moindre aide. La première étape, qui peut durer longtemps, est de saisir chez la personne un intérêt, une compétence, sur laquelle il va être possible de s’appuyer. Les ateliers ne sont pas présentés comme une solution miracle mais chaque petit pas révélé par les récits de ces séances est précieux.

Enfin, ce qu’enseigne cette pratique, c’est peut-être un nouveau positionnement mieux adapté à ces situations, celui de pur accueillant de la valeur de la personne et de toute expression venant de cette personne. Leçon d’humilité et de foi en la valeur de tout homme qu’il s’agit d’abord accueillir tel qu’il est avant d’espérer l’aider à reprendre sa vie en main et à retrouver sa place parmi les autres.

Brigitte Bureau

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