Laurence Coly comparaît en Cour d’assises2 pour avoir abandonné son bébé de quinze mois à la marée montante. Hiératique, visage fermé, cette étudiante sénégalaise, trentenaire, le dit elle-même : « Je voudrais aussi comprendre pourquoi j’ai fait ça ». Elle plaide non coupable. Il sera question de maraboutage. Au fil des témoignages ou questions de la juge, de l’avocate, étonnamment bienveillantes, la jeune infanticide apparaît dans une très grande solitude, cachée, niée par son compagnon ainsi que l’enfant non reconnu,… ni coupable ni innocente. Le spectateur ne peut trancher, tout comme Rama qui assiste au procès, symbolisant la réalisatrice. Le film interroge les différences de culture, la lâcheté d’un homme, l’ambivalence de toute maternité, la fracture sociale lente et sûre. Sans contact avec l’extérieur, sans ressources, une « femme fantôme » énigmatique, plongée dans ses contradictions et sa folie, qui aurait voulu tout effacer ?
Revue Quart Monde
Alice Diop. “Saint‑Omer”
Film
p. 55-56
Référence(s) :
Alice Diop, Saint‑Omer. Film, France, 2022. D’après un fait réel. Lion d’argent à Venise.
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Référence papier
Bella Lehmann Berdugo, « Alice Diop. “Saint‑Omer” », Revue Quart Monde, 265 | 2023/1, 55-56.
Référence électronique
Bella Lehmann Berdugo, « Alice Diop. “Saint‑Omer” », Revue Quart Monde [En ligne], 265 | 2023/1, mis en ligne le 01 mars 2023, consulté le 12 février 2025. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10971
2 Alice Diop, France, 2022. D’après un fait réel. Lion d’argent à Venise.
2 Alice Diop, France, 2022. D’après un fait réel. Lion d’argent à Venise.
CC BY-NC-ND