J’ai vu le film documentaire Le monde est à eux1 au cinéma dans une salle où les quasiment seuls spectateurs étaient des jeunes d’une École de la deuxième chance2, venus avec leurs enseignants.
Dans l’histoire, il s’agit de jeunes décrocheurs scolaires en terminale dans un lycée à Drancy. Ils ont le look de cette jeunesse de la banlieue parisienne, dont la société n’attend pas grand-chose, croyance qu’ils ont pour la plupart reprise à leur propre compte et à laquelle ils ont répondu par l’absentéisme.
Le film donne à voir comment un binôme d’enseignants qui croient en eux et appliquent une méthode où ils associent d’emblée les parents, conduit toute la classe à la réussite du baccalauréat. Les jeunes y prennent la parole pour expliquer comment tout au cours de l’année, au travers des exigences de travail et l’élan de toute la classe, ils ont retrouvé confiance en eux-mêmes et découvert le goût de l’effort.
Un débat a suivi la projection. Ce que les jeunes de l’École de la deuxième chance ont dit a été pour moi aussi marquant que le film :
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les jeunes ont relevé la bonne ambiance qu’il y avait dans la classe : « On aurait dit une bande de potes. Le prof est strict mais à des moments il s’amuse avec eux. »
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Une jeune fille a beaucoup insisté en disant que « cela faisait de la peine car ces jeunes passaient le bac », sous-entendant que eux, non.
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Une autre a relevé qu’une jeune dans le film disait faire des efforts pour avoir le bac, car ainsi ses petites sœurs auront l’exemple et pourront, elles aussi, y arriver et que c’était bien.
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Une jeune a dit que le soutien des parents ne lui paraissait pas toujours possible (pas de parents, ou des parents qui ne s’occupent pas des enfants).
Ces quelques réflexions, en plus de la souffrance qu’elles révèlent, me posent la question de savoir s’ils ont pu s’identifier aux lycéens ou si cela leur paraissaient trop éloigné de leur vécu.
On aurait envie de voir un film où eux aussi pourraient être fiers de montrer leur parcours.