Stephan Komandarev. “Blaga’s lessons

Film de fiction, 2023

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 45

Référence(s) :

Blaga’s lessons, Stephan Komandarev, drame, Bulgarie, Allemagne, 2023, 114 minutes

Citer cet article

Référence papier

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Stephan Komandarev. “Blaga’s lessons” », Revue Quart Monde, 270 | 2024/2, 45.

Référence électronique

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Stephan Komandarev. “Blaga’s lessons” », Revue Quart Monde [En ligne], 270 | 2024/2, mis en ligne le 01 juin 2024, consulté le 12 décembre 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11401

Ce film a eu le prix œcuménique au 57e festival du cinéma de Karlory Vary, en République tchèque, en 2023. « Un prix qui récompense la vision intérieure, les valeurs universelles, la réflexion et les rapports humains et apporte un peu de foi dans un monde sous tension dont le cinéma se fait naturellement l’écho. Une sorte d’éloge de la lenteur et de l’âme1. » Il est décerné par des personnes du milieu du cinéma, se définissant comme chrétiennes. À Cannes ce fut Perfect Days qui reçut le prix œcuménique en 2023. Dans les années précédentes les films récompensés par ce prix furent notamment Moi, Daniel Blacke (de Ken Loach, 2016), Timbuktu (de Abderrahmane Sissako, 2013), Rosetta (des frères Dardenne, 1999), Tout sur ma mère (de Pedro Almodovar, 1999), et beaucoup plus anciennement Mouchette (de Robert Bresson, 1967), et Un homme et une femme (de Claude Lelouch, 1966).

Le réalisateur bulgare Stephan Komandarev livre là le troisième film2 de sa trilogie sur la décadence sociale en Bulgarie. L’actrice principale, Eli Skorcheva, a eu le grand prix de la meilleure actrice au festival cité précédemment, après un arrêt de carrière cinématographique de 30 ans. Sa performance en est d’autant plus remarquable. Vieille dame aux cheveux gris, digne veuve, préoccupée des honneurs à rendre à son mari récemment décédé, Blaga s’enquiert des possibilités de lui offrir une belle tombe. C’est ainsi que commence le film. Elle se heurte rapidement, non seulement au coût de ce qu’elle souhaite réaliser, mais surtout aux agissements du vendeur, qui parle sans cesse des exigences du marché. Ayant une petite retraite d’institutrice elle doit donner quelques cours de bulgare, et économiser pour son projet. Très vite elle va devenir la victime d’une arnaque téléphonique. Son premier réflexe est de contacter la police. Naïve, manquant de recul, peu habituée à la réflexion, elle hésite mais tombe dans le piège quand la police lui demande d’expliciter publiquement ce qui lui est arrivé. Sous le prétexte de faire de la pédagogie, les policiers la mettent en scène et donnent le mode d’accès au réseau des maffieux. Un article de journal reprend sa photo et ses déclarations, la nomme clairement, dénonçant sa naïveté. Tout le monde est au courant, notamment son fils qui l’accuse. Elle n’est plus du tout considérée comme victime mais comme coupable. C’est la déchéance totale. Blaga a tout perdu, ses économies, l’honneur, son fils. Pressé par celui qui doit lui fournir la tombe qu’elle veut pour son mari, soumise malgré elle aux exigences du marché, l’idée lui vient de gagner de l’argent pour cette tombe autrement qu’avec des leçons particulières. Blaga sait – grâce aux policiers – comment contacter les maffieux et devient elle-même une collaboratrice essentielle du réseau qui l’a arnaquée. Au début, elle cache courageusement sa honte. Elle a peur et elle est forte en même temps. Ensuite elle est prise dans des problèmes qui la dépassent. Le film est lent. Il amène des situations de plus en plus amorales. Blaga est toujours imperturbable même si elle se regarde souvent dans la glace. La fin est impressionnante dans l’horreur et parachève la déchéance de Blaga. Ou bien celle du peuple bulgare ?

1 Source : Wikipédia.

2 Blaga’s lessons, drame, Bulgarie, Allemagne, 2023, 114 minutes.

1 Source : Wikipédia.

2 Blaga’s lessons, drame, Bulgarie, Allemagne, 2023, 114 minutes.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND