Réédition du premier roman de cette écrivaine. Une fiction qui fait revivre en fait toute sa propre enfance sous le personnage de Lil. Née en banlieue parisienne pendant la guerre d’Algérie, elle est fille d’un ouvrier « norafricain », Ali dans le texte, en butte à la haine, aux humiliations, aux injures, aux brutalités, et d’une mère française, Huguette dans le texte, mise à l’écart des siens parce que compagne d’un Indigène et qui se bat pour l’avenir de leurs quatre enfants, dans une grande solitude.
En 17 petits chapitres sont évoquées des scènes de vie qui, avec beaucoup d’émotion, lui reviennent en mémoire. Ce dont elle a été témoin au fil des années. On y trouve trace de gestes d’affection mais souvent aussi de tensions, intrafamiliales et sociales. À travers un langage très simple, celui de la vie quotidienne, voire intime.
Toute la richesse de ce vécu, partagé par de nombreuses familles « norafricaines » dans les bidonvilles et les cités de transit au temps de la guerre d’Algérie, mérite d’être mieux connue. C’est pour cela que Tassadit Imache se fait un devoir d’écrire, à l’instar d’autres écrivains algériens de la même génération. Elle le redit dans la postface de cette deuxième édition : il faut rendre leur visage et leur existence aux effacés, aux disparus… Il faut livrer à tous les descendants la pluralité des récits de ce qui a été vécu, de ce qui s’est passé. Laissons s’écrire et se transmettre toutes les histoires de notre pays, qu’elles soient lues, reconnues de l’intérieur, dans l’intimité d’un roman…