La France et l’Europe traversent une période de crise sociale et politique avec la montée de l’extrême droite. Yannick Blanc, vice-président de la FONDA1 souligne que, face aux phénomènes de fragmentation de la société française, il n’y a pas seulement des réactions négatives. Il y a un appétit d’empathie avec celles et ceux qui souffrent, un appétit d’engagement pour que cela change de la part du monde des fondations, des associations, des entreprises, des citoyens. Yannick Blanc choisit d’utiliser le mot « engagement » en faisant la différence avec le mot bénévolat. Le mot « engagement » n’implique pas seulement de donner du temps, il ajoute l’idée de vouloir une transformation. Et bien sûr, cela fait penser à la notion d’alliance dans ATD Quart Monde, qui n’implique pas seulement de donner du temps mais de chercher comment contribuer à une recherche de transformation avec et à partir des plus pauvres. Et cela fait penser aussi à l’engagement des militant·e·s Quart Monde qui habitent dans des quartiers où la vie est difficile et font attention à celles et ceux qui sont les plus isolés ou méprisés.
J’ai la conviction de la valeur de nos expériences d’enracinement menées ces dernières années en France dans une série de lieux significatifs : un quartier très défavorisé de la petite ville de Dole dans l’Est de la France, dans la ville de Villeurbanne en banlieue de Lyon, dans le village de Cendras en périphérie de la ville d’Alès touchée par la désindustrialisation. Ces expériences montrent qu’il est possible de briser l’isolement social et d’aller à la rencontre des personnes et des familles qui vivent les situations les plus difficiles, d’aller aussi à la rencontre des acteurs locaux et de se donner des forces ensemble, de renforcer le pouvoir d’agir.
De tels projets ne peuvent réussir qu’à certaines conditions :
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Nous devons vérifier que nous rejoignons des familles dans l’extrême pauvreté et aussi que nous ne nous enfermons pas avec elles en ignorant toutes les personnes pour qui ce serait un peu moins grave.
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Nous cherchons à construire des relations humaines de réciprocité en reconnaissant les efforts, le courage et l’intelligence des personnes en situation de pauvreté.
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Nous devons aussi être conscients du coût humain de l’engagement. Si on réussit des projets qui ont du sens en épuisant des personnes ou en leur ôtant l’espoir qu’elles puissent être à la hauteur des attentes, alors nous ne pouvons inspirer personne pour que se vive cette contamination de l’engagement et de la transformation sociale évoquée par Yannick Blanc.
Face à la crise sociale et politique, osons renouveler nos engagements.