Boris MARTIN. “J’étais du bataillon des enfants perdus

Bordeaux, Éd. Le bord de l’eau, 2024

Daniel Fayard

p. 60-61

Bibliographical reference

Boris MARTIN. J’étais du bataillon des enfants perdus. Bordeaux, Éd. Le bord de l’eau, 2024, 142 p.

References

Bibliographical reference

Daniel Fayard, « Boris MARTIN. “J’étais du bataillon des enfants perdus” », Revue Quart Monde, 273 | 2025/1, 60-61.

Electronic reference

Daniel Fayard, « Boris MARTIN. “J’étais du bataillon des enfants perdus” », Revue Quart Monde [Online], 273 | 2025/1, Online since 01 March 2025, connection on 01 May 2025. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11646

Ce livre est le récit d’un enfant placé par décision judiciaire en 1969, peu de temps après sa naissance, dans une institution, l’Association beaunoise de la protection de l’enfance (ABPE) qui l’a confié à une famille d’accueil, chez Christian et Angeline Chapelle. Lui est cheminot et elle assistante maternelle. Ils ont déjà eu quatre enfants ensemble. L’auteur apprendra plus tard l’existence d’une demi-sœur placée également, deux ans plus tôt, et confiée à une autre famille d’accueil. Non reconnus par leurs pères respectifs, leur maman biologique les a mis au monde à l’âge de 17 et 19 ans. Elle fut jugée « matériellement et éducativement incapable de s’en occuper. »

Devenu adulte, marqué par cette origine, Boris revit la manière dont il a grandi chez les Chapelle, qu’il avait fini par considérer comme ses père et mère, tellement il s’était attaché à eux, dans la hantise d’être récupéré par « la Protection » du fait qu’il n’était pas adoptable. Dans un long chapitre, intitulé « L’étrange filiation », il retrace les étapes de son enfance et de son adolescence, la progression chez lui du sentiment d’appartenance et de reconnaissance filiales. N’a-t-il pas bénéficié de leur soutien pour accéder à des études supérieures ? Jusqu’au jour où, après le décès de Christian, il devra prendre en charge la gestion matérielle de la famille et accompagner Angèle dans la solitude de son vieillissement.

Un destin particulier, dans sa stabilité même, qui n’est pas généralement celui des enfants placés, souvent renvoyés de foyers en foyers ou de familles d’accueil en familles d’accueil, et abandonnés à eux-mêmes à leur majorité. L’auteur en est très conscient. Il met en évidence que la société fait reposer une grande partie de l’aide à l’enfance sur des familles modestes, auxquelles ces enfants placés apportent le complément de revenus dont ils ont besoin.

Un aspect assez remarquable de ce récit est qu’il restitue de façon très vivante des scènes de la vie quotidienne et avec beaucoup de finesse l’état d’esprit des divers personnages rencontrés.

Un livre passionnant, facile à lire, à faire connaître.

Daniel Fayard

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