Éric RONDEPIERRE. “Fugue Opus 36

Éd. Marest, 2024

Daniel Fayard

p. 60-61

Référence(s) :

Éric RONDEPIERRE. Fugue Opus 36. Éd. Marest, 2024, 95 p.

Citer cet article

Référence papier

Daniel Fayard, « Éric RONDEPIERRE. “Fugue Opus 36” », Revue Quart Monde, 275 | 2025/3, 60-61.

Référence électronique

Daniel Fayard, « Éric RONDEPIERRE. “Fugue Opus 36” », Revue Quart Monde [En ligne], 275 | 2025/3, mis en ligne le 01 septembre 2025, consulté le 01 septembre 2025. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11757

Un fait divers, parmi d’autres du même genre à l’époque : le 26 septembre 1936, dix-sept jeunes filles s’échappent d’une maison de redressement, dite école ménagère, à Billancourt dans la région parisienne, aux cris de « Allons-nous-en ! Vive la liberté ! À nous le Front populaire ! »

L’auteur, écrivain sensibilisé très jeune au placement, dresse ici, sur la base de recherches documentaires, le portrait et le parcours de trois personnes impliquées à un titre ou à un autre dans cet événement qui avait défrayé la chronique : Germaine Labesse, 16 ans, une des fugueuses ; Marcelle Géniat, 55 ans, comédienne de renom et directrice de l’établissement ; André Breton, 40 ans, co-fondateur du surréalisme, prenant parti : « À bas les bagnes d’enfants ! »

Ce sont trois univers contemporains reconstitués pour illustrer différents niveaux de lecture, de perception, de vécu face à une même réalité sociale, selon l’histoire propre des protagonistes et la culture de leur milieu. Chaque fois, les racines en sont anciennes et profondes. D’abord, celui, bien entendu ici, des « filles perdues » livrées à elles-mêmes sans liens sociaux, souvent issues de milieux très pauvres, suspectées de mauvaise vie. Puis celui des classes moyennes (juges, travail social, foyers d’accueil, etc.) qui tentent de leur offrir des protections, voire des rééducations, sans avoir parfois les moyens de bien les connaître et comprendre. Enfin celui de ceux qui critiquent le système en place et en appellent à une autre manière de procéder, plus respectueuse de la dignité de chacun et des droits de l’homme.

L’écriture de cet ouvrage, comme le suggère son titre, se veut une évocation quasi musicale et poétique, nourrie de nombreuses résonances littéraires, philosophiques et cinématographiques, avec lesquelles l’auteur semble entretenir une certaine connivence.

Daniel Fayard

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