Voilà dix ans nous quittait le père Joseph Wresinski.

Le présent dossier est centré sur le regard de cet homme qui mît le plus pauvre au cœur d'une intelligence du monde. Non pas la catégorie des plus défavorisés mais la personne singulière dépouillée de tout. Celle face à qui nous devons choisir entre nos peurs, nos carapaces, nos moyens et un autre nous-mêmes, enfoui, impuissant, démuni, disponible cependant pour entreprendre, avec elle, d'être homme. Non pas une catégorie mais tout un peuple qui vit la souffrance de ne jamais être pris comme partenaire et qui vibre à l'idéal d'une humanité entière saisissant sa liberté de s'inventer.

De quelle famille est le père Joseph Wresinski ? On l'a parfois classé dans celle des grands inventeurs d'institutions sociales. Il est plutôt de celle des Gandhi, des Martin Luther King, qui rappellent, à temps et à contretemps, que les êtres humains sont plus précieux et plus grands qu'ils ne se voient, plus capables de s'affranchir ensemble de leur propre violence qu'ils n'osent en faire le pari.

Son regard et son œuvre ne s'éclairent complètement que sur les chemins de ces affranchissements. Là où l'accomplissement des personnes et des peuples dans leur singularité devient le langage le plus universel de l'humanité.

Les auteurs de ce dossier nous en proposent des visites aux thèmes variés, qui vont de l'expérience d'un changement de regard sur soi-même à des contributions universitaires, en passant par deux contributions de théologiens sur une pensée si familière de la Bible. Une pensée dont le philosophe, le pédagogue, l'historien ou le sociologue soulignent l'apport lorsqu'ils la mettent en perspective ou, en dialogue avec leurs auteurs de référence.