Le temps vient où des femmes et des hommes vont témoigner de ce qu’ils ont vécu pendant leur enfermement derrière les murs de l’apartheid ou le rideau de fer européen. Je ne pense pas aux poètes, aux écrivains, aux cinéastes, aux peintres, aux historiens, mais aux simples citoyens, comme on dit.
Mais on dit mal. Car ces mots cachent la réalité : parmi ces simples citoyens, les plus pauvres des Sud-Africains, des Hongrois, des Polonais ou des Tchèques, demeureront réduits au silence, censurés à l’avance pour cause de misère. La pire des censures, la plus ignorée, la plus invisible.
Mais est-ce irrémédiable ?
Au fin fond d’un bidonville d’Afrique du Sud, d’un quartier méprisé de Varsovie, d’un village hongrois, il est des femmes et des hommes solidaires de leurs compatriotes les plus abandonnés et qui se battent ensemble : pourquoi leur parole resterait-elle toujours étouffée ? Surtout si nous sommes vraiment désireux de l’entendre. Le sommes-nous ?