Emploi du temps

Danièle Lucas

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Danièle Lucas, « Emploi du temps », Revue Quart Monde [En ligne], 127 | 1988/2, mis en ligne le 05 novembre 1988, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3940

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Sport, Culture, Citoyenneté, Participation

En juin 87, « Jeunesse et Sports » prend une heureuse initiative pour permettre l’accès aux loisirs de tous les enfants par la création des « contrats bleus ». Toute association culturelle, sportive qui le désire peut signer par l’intermédiaire de la municipalité un contrat dans lequel elle s’engage à proposer des activités de loisir, gratuitement, aux enfants des classes primaires ; ces activités sont subventionnées. Elles doivent être mises en place exclusivement le soir, après l’école. Il est impossible de les proposer un mercredi ou un samedi.

Dans notre canton rural, seules trois communes sur douze ont une école. Dans les neuf autres, des regroupements sont organisés. Les enfants passent de ce fait beaucoup de temps dans les transports partant de chez eux vers huit heures pour rentrer vers dix-huit heures. Leur restent à faire devoirs et leçons.

Aux chefs-lieux de canton, des associations ont mis en place des activités dès dix-sept heures. Il est trop tôt pour que les enfants des autres communes en bénéficient si leurs familles n’ont pas les moyens de transport ou le temps libre adéquats.

Notre association située au chef-lieu de canton a pour vocation première « la lutte contre l’exclusion ». Elle a signé un contrat et proposé des activités qu’elle peut assumer : musique, expression corporelle… Une quarantaine d’enfants des communes éloignées y participent à raison d’une heure trente par semaine. Cela a exigé une mobilisation des parents qui ont une voiture et qui vont chercher les enfants dans les écoles.

Les enfants ne rentrent chez eux que vers dix neuf heures trente. C’est tard. Les instituteurs se plaignent que les leçons ne sont pas apprises ce soir là. Et des enfants qui auraient pratiqué certaines activités ne le peuvent pas.

Les parents qui assurent les transports sont pour la plupart au chômage. Ils doivent recevoir une indemnité kilométrique. Or, le budget de l’association est fragile.

Qui a représenté les familles pauvres du milieu rural lors de la création des « contrats bleus » ?

Qui les représentera pour leur amélioration ?

Qui sait que pour les pauvres les distances prennent encore beaucoup de temps ?

Danièle Lucas

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