Un pensionnaire du métro éméché invective des passagers qui attendent. Un jeune homme bien mis enjambe les voies pour changer de quai, lui tranche le cou, retraverse, range son coutelas dans son attaché-case et disparaît dans le couloir.
Crime odieux qui nous atteint par son paroxysme. Les voyageurs, médusés devant l’invraisemblance de la scène, ont été pris de court.
Le lendemain, la France est soulagée d’avoir vaincu sa peur des paroxysmes terroristes en condamnant Georges Ibrahim Adballah. Elle sait qu’elle a fait un pas, risqué sans doute, qui à terme conduit vers la sécurité car aucun rempart ne garde mieux de la peur des ennemis que le courage quotidien.
D’autres vagabonds ont subi des agressions parfois mortelles. Comment s’étonner de ces extrémités ? Leur présence défie le sens de notre activité quotidienne qui échoue à générer les progrès les plus immédiatement requis. Leur position de « sous-homme » nous met en position de malaise, voire de « mal -homme » peut-être.
Ce face-à-face nous piège et porte atteinte à ce que nous voulons être. Aurons-nous le courage de recréer avec eux ces ponts que la vie sociale a coupés ?