Une loi contre la misère, un cap devenu incontournable

Didier Robert

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Didier Robert, « Une loi contre la misère, un cap devenu incontournable », Revue Quart Monde [En ligne], 162 | 1997/2, mis en ligne le , consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/479

En France, l’Assemblée nationale débattait du projet de loi d’orientation relatif à la cohésion sociale quand le 21 avril, le président de la République annonça la dissolution de ladite Assemblée.

Nul besoin d’être devin pour penser à la déception des personnes aux prises avec la grande pauvreté et de ceux qui leur sont solidaires.

Mais il ne s’agit pas d’arrêter là. La vraie question, la voici : l’interruption de ce débat n’a-t-elle pas déçu et humilié tout un pays ?

Loin de porter sur des intérêts catégoriels, le débat sur cette loi engageait l’avenir du pays et de sa démocratie. Les députés l’avaient bien compris en écoutant l’allocution de Geneviève de Gaulle-Anthonioz au nom du Conseil économique et social. Après avoir rappelé l’occupation nazie et l’élan donné au pays, et au-delà, par le programme du Conseil national de la Résistance, elle concluait : « Puisque nous vivons aujourd’hui une nouvelle montée d’atteintes aux valeurs fondatrices de notre République, il ne sert à rien de les défendre morceau par morceau tout en tolérant par ailleurs des reculs. La seule riposte possible, la seule voie, consiste à nous rassembler pour vouloir et mettre en œuvre plus de démocratie. C’est l’attente ardente des plus pauvres que d’en devenir des artisans. C’est aussi le sens de notre Avis sur la loi d’orientation pour la cohésion sociale, tel que notre Conseil m’a chargée de vous le présenter »

Reculer est impossible. Cette loi a une histoire : avec le père Joseph Wresinski, les citoyens en grande pauvreté et leurs amis ont ancré la nécessité d’une loi d’orientation dans notre pays. Aujourd’hui, le temps n’est plus aux hésitations. Il n’y a plus de place pour des politiques qui laissent les plus pauvres en dehors des droits fondamentaux ; ceux-ci doivent être réinscrits dans la loi comme objectif et mesure des avancées, quel que soit le résultat des élections.

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