Le Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe, ouvert depuis onze ans, est le résultat d’une campagne publique de sensibilisation, organisée par le Conseil de l’Europe en 1990, sur les questions de la pauvreté et de la nécessité d’une meilleure coopération Nord-Sud. Il prend actuellement une nouvelle dimension suite aux évènement du 11 septembre. Je ne veux pas dire que nous cultivons un défaitisme après ces évènements mais il faut constater que, depuis cette date, la coopération Nord-Sud est devenue un instrument de stabilisation mondiale et nous avons un nouveau regard sur ces questions.
M. Geremek a dit ce matin qu’il ne suffit pas de bâtir sur la solidarité du cœur mais qu’il faut aussi bien utiliser la dette et une approche rationnelle. Donc, nous devons profiter de cette tendance pour renforcer la coopération au développement et le dialogue entre les civilisations… Nous avons des propositions à émettre pour la stabilité mondiale, surtout en traitant le problème de la grande pauvreté, de façon consistante, sérieuse et avec beaucoup plus d’élan que jusqu’à présent.
Pourquoi le Conseil de l’Europe s’occupe-t-il des questions Nord-Sud ? Pourquoi les mouvements sociaux en Europe devraient s’occuper des problèmes des misérables dans les autres parties du monde ? Ces problèmes existent aussi chez nous, n’est-ce pas ?
Nous ne pouvons séparer les problèmes de pauvreté en Europe des problèmes de pauvreté dans le monde entier. Le phénomène de la mondialisation donne de nouveaux défis à cette lutte contre la pauvreté. Le Conseil de l’Europe, pour sa part, respecte depuis sa création trois principes de base : le respect des droits de l’homme, la promotion de la cohésion sociale et la participation démocratique des citoyens.
Ces trois principes sont valables au niveau mondial. La Déclaration universelle des droits de l’homme existe et ceux-ci ne doivent pas s’appliquer seulement sur un territoire donné. La cohésion sociale est un défi important dans le contexte de la mondialisation.
La question de la participation démocratique se heurte à une certaine érosion de la souveraineté. La comparaison entre le chiffre d’affaires des sociétés privées et le produit national brut de beaucoup de pays montre que des structures privées capitalistes jouent un rôle de plus en plus important sans une participation démocratique des États. De nouvelles institutions démocratiques doivent s’enraciner à l’échelle de notre planète. La gouvernance mondiale est encore perçue comme une idée lointaine, pourtant une gouvernance mondiale « privée » existe déjà. Nous n’avons pas besoin de faire partie des militants anti-mondialistes pour nous rendre compte de ces réalités et nous faire du souci au sujet de la pauvreté.