Il est désormais banal de devoir en permanence se justifier de l’usage du mot « bienveillance », surtout lorsqu’on l’applique à l’école. On est alors soupçonné de laxisme, de pertes de repères, de manque d’ambition et d’exigence en matière de savoirs et de discipline.
Je suis de celles et ceux qui pensent que l’école peut être à la fois bienveillante et exigeante, comme nous l’avons écrit dans la circulaire de rentrée 2014. Qu’elle s’en honorera même, et montrera ainsi sa légitime ambition pour la jeune génération, et sa profonde attention aux élèves. Être bienveillant, c’est d’abord « veiller bien » sur ces jeunes que les familles nous confient. C’est leur manifester notre confiance absolue dans leur capacité d’apprendre, d’où qu’ils viennent, quelle que soit leur histoire. C’est tout mettre en œuvre pour les aider à progresser, sans occulter les difficultés, les zones de fragilité mais au contraire en les mettant à jour, tout autant que leurs forces et leurs réussites, pour travailler avec eux les voies et moyens de s’améliorer.
À l’heure où les études PISA3 nous confrontent au constat terrible que 45 % seulement des élèves français se sentent à leur place à l’école, contre 81 % en moyenne de leurs camarades des pays de l’OCDE, il y a urgence à faire de l’école cette maison du vivre ensemble, de l’apprendre ensemble, en confiance et avec la certitude qu’on y sera encouragé, accueilli, écouté.
La bienveillance n’est pas la complaisance ; elle est d’abord synonyme de confiance, de volonté de lutter contre l’auto limitation des possibles, contre l’intériorisation de l’échec que connaissent trop de nos élèves, en particulier ceux qui viennent des milieux les plus défavorisés. La bienveillance ce n’est pas non plus l’attendrissement larmoyant, c’est la volonté de lutter contre les inégalités qui se creusent entre les plus pauvres, les plus éloignés de la chose scolaire, les plus en difficulté par rapport aux apprentissages, et les autres.
Bienveillance et exigence sont inséparables, et sont les conditions incontournables de la réalisation de la promesse républicaine, dont l’école est exemplaire.