Adrien Durousset. Placé, déplacé, de familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié

Éd. Michalon, coll. Témoignage, 2016, 203 p.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 61

Référence(s) :

Adrien Durousset. Placé, déplacé, de familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié, Éd. Michalon, coll. Témoignage, 2016, 203 p.

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Référence papier

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Adrien Durousset. Placé, déplacé, de familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié », Revue Quart Monde, 239 | 2016/3, 61.

Référence électronique

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Adrien Durousset. Placé, déplacé, de familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié », Revue Quart Monde [En ligne], 239 | 2016/3, mis en ligne le 01 février 2017, consulté le 19 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6704

L’auteur de ce récit autobiographique a vingt-quatre ans. Il n’édulcore rien des souffrances de l’enfant placé et il se pose des questions de jeune adulte.

Il relate les différentes ruptures imposées à l’enfant depuis l’âge de cinq ans : ruptures au niveau de l’environnement, ruptures affectives. Avec les mêmes conséquences toujours : incompréhension, peur, honte.

Enfant, il s’interroge. « Quand allaient-ils comprendre que se mettre à plusieurs pour me faire comprendre l’incompréhensible est beaucoup plus stressant que rassurant ? ». Il y a cette injonction permanente faite à l’enfant, nécessité pour lui de s’adapter, de trouver en lui-même les ressources indispensables pour faire face. Attitude bien difficile à maîtriser à cinq ans, à dix ans, à seize ans et sans autre préparation que ces discours sur ce « bien de l’enfant », concept théorique, à qui personne ne sait donner « vie ». Constamment transféré d’un lieu à un autre, il montre de manière saisissante l’inadéquation entre « le problème » et les différentes solutions institutionnelles mises en œuvre : lieux de vie où l’on ne doit pas rester, centres d’accueil fermés l’été, familles d’accueil qui déménagent, surdité des responsables aux plaintes de l’enfant. Pour l’auteur, les personnes chargées de l’aider dans ces « transitions » n’avaient pas la moindre idée de ce qu’ils auraient dû faire. Il se sent coupable, il est meurtri par les violences mais aussi par des paroles et des attitudes, tant celles des assistantes sociales, que celles des éducatrices, des familles d’accueil dont les connivences, les hypocrisies, agissent avec une certaine régularité pour l’exclure davantage. Il se dit « fils de parents inconscients et même dépravés ». Il n’admet pas que ceux-ci persistent dans leur attitude.

Parfois l’enfant rencontre une personne qui le comprend, lui fait confiance. Ainsi, il ne dérive ni dans la délinquance ni dans la drogue, obtient un bac professionnel, gagne son autonomie, s’investit dans des engagements militants et puis il passe, avec un grand bonheur, à dix-sept ans, du statut de dossier N° 404/0440… au statut du dossier « Adrien Durousset ». Cela en dit long !

Enfin, il fait des propositions pour modifier la loi sur la protection de l’enfance de 2007, souhaitant renforcer la responsabilité des parents, notamment pécuniaire, pour rompre avec la victimisation.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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