Les réalisateurs désiraient faire un travail1 de mémoire sur le charbonnage du Hasard à Cheratte2, sur le point d’être démoli. La question de l’intégration des enfants les préoccupait. Madame Brigitte, institutrice communale, leur ouvrit la porte de sa classe. Pratiquant la pédagogie de la libération, elle affranchit les gosses de la honte destructrice, qui « engendre le malheur » car elle enferme soit dans le silence soit dans la violence.
Elle refuse l’exclusion, les paroles blessantes, accepte les différences. Son regard optimiste est plein d’espérance. Elle donne l’impression d’oublier son Bic rouge et de corriger en vert ce qui est bon. Elle donne le micro à chacun des élèves, à chacune des familles.
Chacun alors se sent reconnu. L’école devient un lieu de fraternité, moteur puissant pour bâtir des projets. Aucun enfant ne se considère sans qualité car aucun enfant n’est considéré comme nul. Elle a compris l’importance des relations avec chaque famille avec qui elle a conclu un pacte d’excellence. « Je suis heureux quand je vois ma famille heureuse », dit un enfant.
Les grands-parents sont restés enfermés dans la honte, muets. Refusant de parler de la dureté de leur vie en Turquie, de leur migration en Belgique et du travail dans la mine. À l’occasion du film, ils répondent pour la première fois aux questions préparées par les enfants en classe. L’institutrice dit : « Quand le matin, je quitte mon domicile, je ne vais pas travailler, je vais à l’école », « Je me laisse emporter par l’enthousiasme, le dynamisme des enfants. »
Chacun construit son avenir, un avenir espéré heureux.
Dans la scène des lunettes de l’avenir, chaque enfant évoque ce qu’il rêve d’être dans quelques années : « Moi, je jouerai à Barcelone-Réal », « Moi, je serai… »
Dans la scène finale du film, les gosses courent à vélo vers l’avenir, au milieu des dangers de la circulation. L’un d’eux s’écrie : « Qu’on s’aide les uns les autres ». Les réalisateurs ont rendu « hommage à la richesse des échanges »3 entre Madame Brigitte, les enfants, les familles et « contredit le climat anxiogène ambiant4 ». En effet, dans cette classe, tous se sentent bien car « là où l’on se respecte, là est le bonheur »5. Une nouvelle donne.