Colette Pétonnet, Ces gens-là

CNRS Éditions, Coll. Biblis, 2017, 377 p.

Daniel Fayard

p. 62

Référence(s) :

Colette Pétonnet, Ces gens-là. CNRS Éditions, Coll. Biblis, 2017, 377 p.

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Daniel Fayard, « Colette Pétonnet, Ces gens-là », Revue Quart Monde, 244 | 2017/4, 62.

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Daniel Fayard, « Colette Pétonnet, Ces gens-là », Revue Quart Monde [En ligne], 244 | 2017/4, mis en ligne le 15 juin 2018, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6997

Éditée en 1968 aux Éditions Maspero, cette étude de facture ethnologique, relative à la population d’une cité de transit inaugurée en 1962 dans la banlieue Sud de Paris, est issue d’une thèse soutenue par l’auteure en 1967. Il s’agit en 2017, 50 ans après, d’une réédition par les Éditions du CNRS, qui ont sans doute voulu rappeler l’importance historique de cette publication. Colette Pétonnet fut en effet une des premières universitaires en France à révéler au grand public la spécificité des habitants des cités de transit. Elle passe en revue tous les traits susceptibles d’illustrer ce qui pourrait constituer une sorte de « subculture » distincte au sein de la société environnante. C’est ainsi qu’après avoir circonscrit les raisons de leur moindre pouvoir social, elle relate les caractéristiques de leur environnement, de leurs relations familiales et sociales, de leurs pratiques professionnelles ou culturelles comme de leurs valeurs. Elle y parvient par l’entremise d’une observation participante, en se laissant imprégner par le milieu de vie des populations rencontrées (une observation « flottante », pour reprendre son expression).

L’intérêt de cette réédition, outre le rappel du contexte et de la vie quotidienne de cette cité dans les années 1960, est de permettre aujourd’hui, avec le recul, de comparer à nouveau la connaissance acquise par l’approche de Colette Pétonnet avec celle, contemporaine mais moins médiatisée, de Jean Labbens portant elle aussi sur la population de plusieurs cités de transit de la région parisienne (Le Quart Monde, 1969).

Ces deux investigations, indépendantes l’une de l’autre, offrent des similitudes et se complètent pour accréditer la thèse du statut particulier de ces populations stigmatisées, décrites de façon plus sociologique chez Labbens et plus anthropologique chez Pétonnet. Alors que le premier parle d’une condition sous-prolétarienne plus ou moins héritée du passé et susceptible de reproduction, la seconde s’en tient au terme de néo-prolétariat : une population cosmopolite, contrainte de vivre « en transit », principalement en raison de la crise du logement et de ce fait marginalisée probablement à titre temporaire.

Daniel Fayard

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