Derrière l’image…

Martine Hosselet-Herbignat

p. 3

References

Bibliographical reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Derrière l’image… », Revue Quart Monde, 245 | 2018/1, 3.

Electronic reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Derrière l’image… », Revue Quart Monde [Online], 245 | 2018/1, Online since 01 September 2018, connection on 28 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7138

Les images sont aujourd’hui omniprésentes. À notre insu ou plus consciemment, elles s’introduisent dans nos vies, imprègnent nos représentations, guident nos choix, même si nous avons oublié la plupart de celles que nous avons vues. Mais certaines ont persisté dans notre souvenir, ont fait sens et ont donc eu des effets conscients sur l’orientation de nos engagements. En particulier des œuvres d’artistes et/ou de simples citoyens, qui nous rapprochent des exclus de la société, qui nous touchent et nous font comprendre un vécu parfois très éloigné de nos standards de vie.

L’image est toujours ambivalente, et le réel plus complexe que l’image qui l’évoque. Ambiguïté que découvre Martine, consultant des livres d’art dans la chambre de neuf mètres carré où elle vit avec deux de ses enfants, dans un hôtel sordide. « Les livres et les images racontent aussi des mensonges… »1 constate-t-elle avec un étonnement attristé.

En matière de lutte contre la pauvreté, toucher le cœur et la raison de l’interlocuteur nécessite une dose d’imagination bienveillante. Certaines manipulations et dérives avaient été dénoncées en son temps par Joseph Wresinski : « Une (personne) en particulier photographiait les enfants, en demandant aux parents de ne pas les laver et de ne pas les vêtir proprement ; elle voulait les montrer l’air pitoyable, les images devant justifier son action auprès des donateurs »2.

Des photographes tels Geen Lettany, Karim Amar ou Marc Melki3, certains auteurs (Monique Tonglet, Erri de Luca4) parviennent à faire passer des messages multiples et contradictoires dans une seule image, dans quelques lignes d’écriture, à savoir « que la pauvreté, comme contexte et comme circonstance (…) marque les gens, qu’elle les broie et qu’elle est donc inacceptable et anormale ; mais (…) aussi que les gens qui doivent vivre dans ces conditions sont des gens normaux, des familles normales, qui ont les mêmes souhaits et les mêmes rêves que les autres »5.

La colère et la révolte sont souvent à la racine de ces œuvres. « Devant cette invisibilité ultime, j’ai continué à photographier, peindre, écrire sur ces personnes. J’ai voulu qu’elles aient une histoire, celle d’appartenir à une communauté humaine », dit Christian Januth6. Au milieu de la désolation des bidonvilles et des slums, Joseph Wresinski le disait en ces mots : « Il faut arriver à parler du futur, de l’avenir, des projets, du printemps, des pousses et des arbres, des boutons, des fleurs et du sourire des filles, des lendemains, des aurores, et non des ombres et des nuits du passé »7.

1 Voir l’article de Jacqueline Page, page 4.

2 Joseph Wresinski, Les pauvres sont l’Église, Éd. du Cerf, 2011, p. 151.

3 Voir leurs articles en p. 9 et 27.

4 Voir leurs articles en p. 20 et 33.

5 Voir l’article d’Heidi Degerickx, p. 15.

6 Voir l’article p. 21.

7 Citation février 1977, archives Centre Joseph Wresinski.

1 Voir l’article de Jacqueline Page, page 4.

2 Joseph Wresinski, Les pauvres sont l’Église, Éd. du Cerf, 2011, p. 151.

3 Voir leurs articles en p. 9 et 27.

4 Voir leurs articles en p. 20 et 33.

5 Voir l’article d’Heidi Degerickx, p. 15.

6 Voir l’article p. 21.

7 Citation février 1977, archives Centre Joseph Wresinski.

Martine Hosselet-Herbignat

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