Florine Clap, Sous le pont d’Avignon

Film documentaire , France, 2014

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 43

Référence(s) :

Sous le pont d’Avignon, film documentaire de Florine Clap, France, 2014, 73’

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Référence papier

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Florine Clap, Sous le pont d’Avignon », Revue Quart Monde, 233 | 2015/1, 43.

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Florine Clap, Sous le pont d’Avignon », Revue Quart Monde [En ligne], 233 | 2015/1, mis en ligne le 01 septembre 2015, consulté le 17 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7367

Florine Clap a commencé sa carrière de cinéaste par un petit film réalisé à la demande de Viviane Jonin, ancienne professeure aux Beaux-Arts d’Avignon qui souffrait d’une névrose d’accumulation compulsive, parcourant de jour comme de nuit les rues d’Avignon pour y ramasser ses trésors. Ce premier essai a donné à Florine l’idée de faire un portrait d’Avignon, un portrait de son âme.

Il y a d’abord, et c’est ce qui frappe d’emblée, une esthétique du terroir. Florine a grandi à Avignon, y a déambulé avec son grand-père1. Elle y vagabonde avec sa caméra. Et la ville se prête bien à ce lent voyage, véritable poème à la recherche des mystères d’une ville. La poésie, c’est son regard sur le pont d’Avignon bien sûr, le rocher sur lequel est assis le Palais des Papes, les remparts, les murs en enfilade avec leurs graffitis, les pierres, les hôtels particuliers, les rues étroites filmées de nuit, l’île de la Barthelasse filmée de jour, les improvisations d’artiste en plein air dans les jardins, le désordre des affiches du festival off, les traces diverses sur le sol et enfin le mur situé entre la poterne de la Banasterie et l’ancienne Maison d’Arrêt. Ce dernier est fait de niches qui recueillent comme des ex voto modernes ! Tout cela est très beau et Florine y est excellente.

Et puis il y a des personnalités avec qui Florine, comme Salgado, a noué une véritable connivence. Mais là s’arrête la comparaison. Il n’y a pas esthétisation des personnes. Il n’y a pas non plus réalisme de mauvais aloi. Il y a simplement des rencontres. Ils sont artistes, gitans, SDF, prostituées, sans papiers, artisans de rue, tous à la marge… sans oublier l’employé communal « philosophe » chargé de mettre de l’ordre dans les affiches qui envahissent la ville au moment du festival. Ils sont tous très vrais. Ils ont à dire, à partager. Ils sont saisis avec légèreté, avec une profonde humanité dans leurs différences. Ce sont des passants. C’est là la force du film. Florine Clap ne classifie pas, elle est en mouvement. Elle ne privilégie pas une classe sociale pour la montrer, ni la pauvreté. Elle regarde librement et avec tendresse tous ces gens qui vivent « hors normes ». Leur lien est la ville elle-même. La réalisatrice met à jour comme des moments de grâce. Le film a été réalisé avec de petits moyens, par le système de financement coopératif.

1 Vincent Clap écrivait des chroniques historiques sur Avignon pour le journal La Provence et n’était jamais à cours d’anecdote.

1 Vincent Clap écrivait des chroniques historiques sur Avignon pour le journal La Provence et n’était jamais à cours d’anecdote.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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