Droit à l'information
Les personnes en droit de toucher l'aide sociale ne trouvent souvent aucune information auprès des services sociaux sur leurs droits et sur les modalités à suivre pour faire la demande d'allocation. En outre, elles ne reçoivent pas forcément de courriers écrits lorsque leur demande est refusée, ce qui les empêche de pouvoir faire appel.
Versement de l'aide sociale.
Les demandeurs de l'aide sociale sont renvoyés d'un bureau à un autre, ce qui retarde le versement de leur aide. La loi stipule que l'aide sociale doit être versée dès qu'une personne est reconnue en grande détresse. Les bureaux d'aide sociale demandent souvent un délai pour l'examen du dossier. Les personnes en difficulté sont obligées alors de s'endetter pour pouvoir survivre.
Prise en charge des frais de logement
La loi fédérale sur l'aide sociale prévoit une allocation logement dans des limites fixées par le bureau d'aide sociale. Il est cependant accepté que ces limites soient dépassées lorsque l'allocataire peut prouver qu'il n'a pu trouver de logement correspondant au montant prévu. Il faut entamer une procédure assez longue pour que ce droit soit reconnu ; les frais de logement que l'allocataire a engagés entre l'emménagement dans le logement et la reconnaissance de ses droits par le bureau d'aide sociale ne sont généralement pas pris en charge par ce dernier.
Achat de biens ménagers
Les services sociaux pensent encore souvent en termes d'assistance publique et non de dignité humaine. Par exemple, les bureaux d'aide sociale délivrent toujours des bons pour acheter des appareils ménagers, du mobilier ou des affaires pour enfants. Les allocataires dénoncent souvent ce système : ils disent se sentir mal accueillis dans les magasins et étiquetés comme « assistés sociaux. »
Aide à l'insertion professionnelle
De nombreuses femmes de Munich disent leurs difficultés à trouver du travail quand elles élèvent seules leurs enfants. Selon la loi, on ne peut demander à une femme de chercher du travail si son plus jeune enfant a moins de trois ans ou s'il n'y a aucune structure d'accueil pour le garder. Or il est difficile de trouver des places en crèches. Une femme raconte avoir été qualifiée de « paresseuse » alors qu'elle avait en l'espace de deux semaines envoyé soixante lettres de motivation et s'était tournée en vain vers cinq crèches. Quant aux médecins qui assurent qu'une femme n'est pas en mesure de chercher du travail vu sa situation familiale, ils sont accusés de « complaisance ». La solution est alors de faire justifier un état d'incapacité de travail par le bureau de la santé, ce qui est en général très mal vu par les futurs employeurs.
Financement de la formation
L'aide sociale se doit d'être un « tremplin » qui donne les moyens de vivre sans l'assistance des services sociaux. L'allocataire, de son côté, doit contribuer au mieux à sa réinsertion. Pour cela, il lui faut souvent suivre des stages de qualification, sa formation initiale ne lui permettant pas de trouver un emploi facilement. Il est cependant difficile d'obtenir simultanément une aide pour les études et l'aide sociale, seule condition pour pouvoir assumer les frais qu'entraînent des études.
Si l'aide sociale est un instrument indispensable de lutte contre la pauvreté, l'étude de Munich révèle les défaillances d'un système qui néglige les droits des allocataires. Une étude réalisée en 1989 par le Mouvement international ATD Quart Monde faisait le même constat et soulignait le hiatus qui existe entre les intentions du législateur et les effets de l'aide sociale : ayant voulu assurer une vie digne, les systèmes mis en place sont réprouvés comme humiliants par les plus défavorisés des bénéficiaires » Entre 1989 et 1995, peu de choses semblent avoir changé : « Tout se passe comme si, voulant créer un tremplin, on avait omis d'y fixer les ressorts »