Amaury Begasse de Dhaem, Théologie de la Filiation et Universalité du Salut. L'anthropologie théologique de Joseph Wresinski

Éd. du Cerf, coll. Cogitatio Fidéi, 2011, 628 p.

Daniel Fayard

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Amaury Begasse de Dhaem, Théologie de la filiation et universalité du Salut. L'anthropologie théologique de Joseph Wresinski, Éd. du Cerf, coll. Cogitatio Fidéi, 2011, 628 p

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Daniel Fayard, « Amaury Begasse de Dhaem, Théologie de la Filiation et Universalité du Salut. L'anthropologie théologique de Joseph Wresinski », Revue Quart Monde [En ligne], 220 | 2011/4, mis en ligne le 01 juin 2012, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7734

Dans cette première thèse de théologie en français consacrée à la pensée du père Joseph Wresinski, l’auteur dresse d'entrée de jeu une présentation, « un portrait » même, à travers ce qu'il appelle son anthropologie théologique, c'est-à-dire sa vision de Dieu et de l'homme selon sa lecture croisée de l'Évangile et de sa propre existence. Il en montre la forte cohérence et reconnaît la valeur contributive de cette pensée à la recherche théologique de l'Église, bien que Joseph Wresinski ne soit pas un théologien.

A la découverte de son parcours de vie, de l'univers intellectuel ecclésial et personnel dans lequel il s'est formé, et d'après l'analyse proposée de ses écrits déjà publiés ou encore inédits, le lecteur prend peu à peu la mesure de l'originalité de sa pensée. Il apparaît que Joseph Wresinski l'a forgée dans un constant dialogue avec d'autres, notamment en s'astreignant à écrire au jour le jour « la mémoire de la vie », source ensuite d'interprétations approfondies et souvent communiquées sous forme de récits à vocation pédagogique : pour mieux faire comprendre les réalités vécues en terre de misère, les souffrances et les blessures bien sûr mais aussi et surtout peut-être les aspirations à la paix, à la liberté, à la reconnaissance de la dignité des plus pauvres comme de leur savoir d'expérience, à une fraternité universelle, c'est-à-dire sans exclusive.

Cette première partie (160 pages) est aisément accessible et mérite d'être lue par un grand nombre car elle stimule la compréhension du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde grâce à l'évaluation critique réalisée par l'auteur.

La suite de l'ouvrage sera appréciée plus spécialement par ceux qui s'intéressent à la théologie proprement dite. Il s'agit d'illustrer de quelle façon le père Joseph a interprété d'une part et enrichi d'autre part deux dimensions fondamentales de la foi chrétienne : la filiation divine et l'universalité du salut. Au-delà de cet examen, conduit avec rigueur et compétence, intégrant de nombreuses citations et références, l'auteur conforte l'intuition selon laquelle il en va du discours théologique relatif à la misère et à la pauvreté comme des autres discours sur ce sujet : il gagnerait en authenticité, en vérité, en communicabilité, en universalité, s'il était élaboré en partenariat avec ceux qui en ont une expérience existentielle. Ceux-ci sont en effet eux aussi des « sujets théologiques » à part entière, voire privilégiés. Ils savent ce qu'il en coûte de l'irrespect, du mépris, de l'humiliation, de l'exclusion, de l'injustice. La quête incessante de leur contribution atteste en l'occurrence qu'ils sont des frères et des guides indispensables avec qui œuvrer pour donner un avenir plus humain à une humanité déjà réconciliée dans le Christ.

Daniel Fayard

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