On parle aujourd’hui d’« anthropocène », d’une ère géologique où l’humain est devenu un facteur de changement tellement puissant qu’il en vient à modifier et à dégrader l’écosystème par son activité.
Faut-il mettre, sans nuances, cette dégradation sur le compte de l’ensemble de l’espèce humaine ? Tous les citoyens de la terre sont-ils, aux mêmes titres, désireux et capables de réagir à cette évolution dramatique ?... Telles sont les perspectives de ce dossier.
Réduire l’empreinte écologique fait en général d’abord appel à la responsabilité de chacun.e à travers des gestes éco-responsables. Cette nécessaire transition écologique n’est pas qu’une préoccupation de riches. En France, Martine C. rappelle lors d’une Université populaire Quart Monde : « Les gens qui ont la vie difficile ont toujours fait attention à tout économiser. Ils ont un vrai savoir là-dessus ». Au Bénin, l’ONG JEVEV développe la promotion d’un compost à base de jacinthe d’eau, recyclant ainsi cette plante destructrice pour l’environnement. Au Togo, un petit village de brousse s’est organisé pour collecter les sacs plastiques, véritable fléau, et rejoindre un projet de recyclage plus large.
On escamote souvent la contribution des collectifs et des structures, qui ont un pouvoir direct ou indirect de polluer incomparable à celui des populations, et dont les effets retombent d’ailleurs bien plus fréquemment sur les populations les plus fragiles, qui ont comparativement nettement moins accès aux « biens » proposés par ces collectifs. Le capitalisme – et son corollaire l’argent-roi – est le principal responsable de cette dégradation de l’environnement1.
Le combat se situe donc également au niveau du droit. Organisée en associations (cf. Notre Affaire à tous, Alternatiba), la société civile intente des actions en justice pour inaction climatique contre des États ou de grandes sociétés pollueuses. De nouvelles sanctions apparaissent : obligations de faire, de diligence active, pour le bien commun de l’Humanité2. L’idée d’un revenu de transition écologique vient aujourd’hui affiner celle d’un revenu de base inconditionnel, intégrant l’écologie et les limites planétaires, au-delà du seul individu et d’une approche exclusivement monétaire3.
Les citoyens les plus pauvres doivent être considérés comme partenaires et sources d’initiatives de la lutte contre le changement climatique. Une civilisation qui tienne compte des droits de tous les vivants sans exception ne peut contourner cette exigence4.