Paddy Breathnach. Rosie Davis, a Dublin family story

Film, Irlande, 2019

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 42-43

Référence(s) :

Paddy Breathnach, Rosie Davis, a Dublin family story, Film, Irlande, 2019

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Paddy Breathnach. Rosie Davis, a Dublin family story  », Revue Quart Monde, 250 | 2019/2, 42-43.

Référence électronique

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Paddy Breathnach. Rosie Davis, a Dublin family story  », Revue Quart Monde [En ligne], 250 | 2019/2, mis en ligne le 01 juin 2019, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8012

Cette histoire touche une famille apparemment sans problème, avant que leur propriétaire décide de vendre la maison qu’elle habite. Ils sont trop démunis financièrement pour l’acheter et doivent se trouver un nouveau logement dans des délais assez courts. C’est à ce moment-là que ce couple avec quatre enfants se trouve dans la situation de tant de gens pauvres. Mais ils ne sont pas très pauvres. Ils sont dans une frange de vulnérabilité dont ils ne soupçonnaient même pas faire partie, celle des milieux modestes, celle de la classe moyenne inférieure, qu’un rien peut faire basculer dans la misère. C’est la lutte contre la fatalité et contre la misère qui imprègne l’histoire. Le film1 entier est d’ailleurs parcouru de ces rappels de la « normalité » de leur famille. La mère écarte toutes les solutions qui la sépareraient de ses enfants. L’aînée, le soir, fait ses devoirs dans la voiture tout en essayant de faire taire les autres membres de la fratrie car la mère téléphone désespérément pour trouver un toit. Les enfants s’efforcent de ne rien dire de leur vécu à l’école. La mère également cherche à cacher la situation aux enseignants alors qu’elle est toute la journée dans sa voiture avec son plus jeune enfant et passe tout son temps au téléphone pour trouver une chambre d’hôtel pour la nuit qui va venir. Elle se dit que tout va s’arranger…, qu’ils ne sont pas des SDF, pas du tout !... Au point qu’elle refuse d’entrer dans le circuit d’aide aux SDF. Elle dispose cependant d’une carte de la mairie de Dublin pour payer l’hôtel. Le père travaille et les rejoint le soir dans un hôtel toujours différent tant il est difficile de trouver une chambre pour six personnes et pour plusieurs jours d’affilée. Filmés de très près dans les espaces exigus de la voiture ou des chambres d’hôtel, les enfants, qui ne sont pas de vrais frères et sœurs, jouent magnifiquement leur rôle, comme la mère protectrice et le père dépassé par les événements mais toujours aimant. Il n’y a pas de fin heureuse, ni même de solution en vue, ce qui augmente la capacité de ce film à questionner le réel. Il est nécessaire pour parler du mal-logement en Irlande mais aussi en France (4 millions de mal logés en France ; 12,1 millions de personnes en situation de fragilité face au logement – insalubrité – surpeuplement – précarité énergétique)2. Il serait utile aussi pour faire lien et débat entre des classes sociales voisines qui s’ignorent, ou pire, se détestent parce qu’elles ne se connaissent pas.

1 Rosie Davis, a Dublin family story, film de Paddy Breathnach, Irlande, 2019, avec Sarah Greene, Moe Dunford, Ellie O-Halloran, Ruby Dunne, Darragh

2 Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre.

1 Rosie Davis, a Dublin family story, film de Paddy Breathnach, Irlande, 2019, avec Sarah Greene, Moe Dunford, Ellie O-Halloran, Ruby Dunne, Darragh Mc Kenzie, Molly Mc Cann ; film soutenu par Habitat et Humanisme.

2 Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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