Franchir le seuil du militantisme

Martine Hosselet-Herbignat

p. 3

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Martine Hosselet-Herbignat, « Franchir le seuil du militantisme », Revue Quart Monde, 252 | 2019/4, 3.

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Martine Hosselet-Herbignat, « Franchir le seuil du militantisme », Revue Quart Monde [En ligne], 252 | 2019/4, mis en ligne le 01 décembre 2019, consulté le 12 décembre 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8326

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Militantisme

Qu’entend-on par militer ?... Si on imagine une volonté de changer le monde, on peut véritablement s’étonner que des gens continuent à s’engager malgré la fatalité des choses, et malgré le fait que les politiques semblent toujours favoriser des intérêts privés, être de plus en plus incapables de tendre l’oreille aux récla­mations populaires de justice sociale. Ces gens existent pourtant. Perrine Goulet, ayant elle-même connu le placement dans son enfance, élue députée de la Nièvre (France) en 2017, puise dans son expérience de vie l’obstination à faire changer la société dans laquelle ses enfants vont grandir1. « Tant que des hommes et des femmes sont considérés comme des nuisances sociales, ils ne peuvent être que bannis, pourchassés, et finalement enfermés, parfois même sous des prétextes humanitaires » relève quant à lui Georges de Kerchove, artisan belge des droits humains depuis de longues années2.

Le militantisme ne peut être uniquement saisi dans ses occurrences légitimes dans l’espace public ; il existe aussi un militantisme « des profondeurs », parfois invisible, dont le trai­tement médiatique et social semble bien plus aléatoire. Parce que ses motifs ne sont pas toujours d’emblée politiques, ils sont plus difficilement communicables, et plus aisément réductibles à des comportements individuels. « S’engager, c’est un acte fort car la pauvreté s’est tellement ancrée en moi, dans ma vie, que dès que des personnes parlent de leur vie difficile, ça me fait écho, ça rejoint ma vie et ça me met en colère contre toutes les injustices. », analyse Priscillia Leprince3 à Caen.

Engagement dans un collectif, dans une communauté de sens, dans une lecture du monde, le militantisme donne prise sur nos sociétés, nous inscrit dans une histoire, nous donne une identité, et nous sort des bornes de notre vie personnelle. « Tout cela était en moi, et s’est cristallisé au moment où j’ai rencontré le Centre d’Intégration Sociale, où j’ai connu d’autres femmes. [...] Avec ce groupe, on pouvait parler, se raconter nos vies, et nous battre pour le quartier, et surtout pour les enfants du quartier... », dit Assunta Ielapi4 à Rome. Par ailleurs, dans le militantisme du Quart Monde il y a à apprendre quelque chose de nouveau pour tous : « Ne pas nier que ce soit un chemin exigeant, long, et qui demande de l’accompagnement, de la persévérance et du temps. »5. Dans l’optique de mieux comprendre comment et pourquoi le pas se fait, ce dos­sier met l’accent sur des parcours qui retracent le(s) moment(s) de bascule et d’engagement, mais aussi le(s) moment(s) où cet enga­gement s’éprouve dans ses défaites et ses victoires.

1 Cf. article p. 9.

2 Cf. article p. 33.

3 Cf. article p. 4.

4 Cf. article p. 18.

5 Voir l’article coordonné par Martine Le Corre, p. 23.

1 Cf. article p. 9.

2 Cf. article p. 33.

3 Cf. article p. 4.

4 Cf. article p. 18.

5 Voir l’article coordonné par Martine Le Corre, p. 23.

Martine Hosselet-Herbignat

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