Ce n’est pas un album photo, ni un livre sur la mafia napolitaine.
C’est un ouvrage d’art, qui nous donne un accès privilégié à la banlieue populaire de Naples. Davide Cerullo y fut un enfant sage, puis un ado voyou avant de trouver sa voie dans la poésie et de devenir photographe.
Le titre évoque la diversité des physiques et des sentiments : Visages de Scampia. Et le sous-titre, Les justes de Gomorra, interpelle, comme tout oxymore. Pourquoi pas La lumière des ténèbres, ou Une douce violence ?
Les photos nous touchent. Il faut accepter d’être blessé par ces familles impuissantes face à « L’industrie de l’inégalité sociale ». Par ces enfants qui ont un regard d’adultes, ces adultes qui semblent hésiter à montrer leur côté victime ou leur côté bourreau.
Le papier mat accentue la dureté des images. Les photos parlent, racontent la gravité de la situation, mais aussi l’espérance sous-jacente que l’instruction sauve ces enfants.
Davide Cerullo est persuadé que « La Culture est l’unique arme de rachat », comme c’est peint sur un mur. Il vit toujours dans le quartier, participant à des actions culturelles et sociales.
L’ouvrage est enrichi par de très beaux textes d’Ernest Pignon-Ernest, Erri De Lucca et Christian Bobin, qui écrit au photographe : « Comme vous, je crois que la beauté sauvera le monde. »