Par son titre, ce film1 fait référence à Victor Hugo. D’une part parce que celui-ci a domicilié les Thénardier de son roman à Montfermeil, ville dont est originaire le réalisateur et ville où il situe le film… D’autre part parce que c’est un film qui traite de la pauvreté, de la vie de misère dont certains enfants sont les victimes.
Ce film montre la vie actuelle à Montfermeil – avec comme cadre exclusif une zone de logements collectifs sous la « surveillance » d’une équipe de trois policiers se déplaçant en voiture le plus souvent. Le cœur du sujet est la relation entre ces trois membres de la BAC2 et les jeunes gens, parfois très jeunes, de cette banlieue de Paris. Peut-être d’ailleurs s’agit-il plutôt des relations de ces jeunes de toutes couleurs avec la nation France. Car tout commence par une grande fête populaire très colorée sur les Champs-Élysées le 15 juillet 2018, à l’occasion d’une victoire de la France au foot… Là, au milieu des drapeaux tricolores, les jeunes de Montfermeil crient et chantent leur joie avec les autres, sans distinction aucune entre eux et les autres Français.
Mais le film passe assez vite à une autre réalité, celle d’une bavure policière qui a eu lieu réellement. Le film montre bien la difficulté de la mission des policiers, les petits arrangements qu’ils ont avec les « éminences » qui contrôlent la cité, les conflits internes dans leur propre équipe. Il y a aussi les tensions qui se développent à propos de cette bavure entre les différents centres de pouvoirs occultes de cette zone d’habitat « hors de la République ». Une guérilla entre jeunes et BAC s’ensuit, à l’initiative des jeunes, dans les cages d’escaliers. Guérilla d’une violence rarement montrée au cinéma.
Le réalisateur qui a grandi là, dans ce quartier, qui a fait ses premiers essais de cinéma là, qui vient de créer une école de cinéma « gratuite » là aussi, est très bien placé pour attirer notre attention sur la violence.
Un film social et politique qu’il faut défendre. Il a obtenu le prix du jury à Cannes 2019.