Robert Guédiguian. Gloria Mundi

Film, France, 2019

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 45-46

Bibliographical reference

Gloria Mundi, fiction, Robert Guédiguian, France, 2019, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stevenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet. Scénario de Serge Valetti et Robert Guédiguian.

References

Bibliographical reference

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Robert Guédiguian. Gloria Mundi », Revue Quart Monde, 253 | 2020/1, 45-46.

Electronic reference

Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Robert Guédiguian. Gloria Mundi », Revue Quart Monde [Online], 253 | 2020/1, Online since 17 February 2020, connection on 02 December 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8455

Ariane Ascaride, qui a obtenu le prix de la meilleure actrice au festival de Venise 2019 pour le rôle qu’elle joue dans ce film1, est ici dans un rôle inhabituel… Sylvie est femme de ménage dans une chaîne d’hôtels et femme du peuple donc encore cette fois-ci, mais Sylvie est une femme tracassée par sa survie. Elle en devient, au moins superficiellement raciste. Raciste sans trop. En même temps juste et remarquable de « droiture ». On aime, car on connaît ces contradictions dans la vraie vie.

Robert Guédiguian a réussi là le film le plus dur d’une carrière déjà riche en dénonciations. Le film ose, au niveau du réalisme, semble-t-il davantage qu’il n’a jamais osé. Marseille devient une ville traversée de violences plus que de bons sentiments. À trois pas du Mucem, dans le quartier de la Joliette qui se métamorphose, avec une famille dont les « gendres » s’opposent au niveau des valeurs. On est en plein dans la laideur des lieux, celle des objets, celle de leur obsolescence, celle de la débrouille de ceux qui, au bas de l’échelle, ont adopté pour eux l’idéologie des « premiers de cordée ». Il y a aussi en termes de laideur toutes ces choses modernes liées au sexe. Enfin la précarité des emplois. Lorsque quelque chose se grippe – une agression sur le chauffeur de taxi ubérisé, le rendant inapte au travail, une contravention pour le conducteur de bus qui conduisait tout en téléphonant, et qui donc est suspendu – cela a des conséquences énormes. Nous sommes très profondément dans notre époque.

L’histoire a commencé par un vrai bonheur, une naissance longuement filmée en direct, celle de Gloria, petite-fille innocente de Sylvie. Autour de cette naissance il y a Richard le conjoint de Sylvie, un brave homme qui l’a aidée à élever sa première fille Mathilda dont le père biologique, Daniel, va sortir de prison. Un autre brave homme, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Et puis il y a aussi les deux filles et les deux gendres qui ne s’aiment pas, qui se jugent mutuellement. L’histoire tourne autour de ce désaccord alimenté par les péripéties de la vie.

En recevant son prix, Ariane Ascaride, fille d’immigrés italiens, l’a dédié à tous les morts qui gisent au fond de la Méditerranée. Interviewée récemment sur une chaîne de télé elle a dit que beaucoup de jeunes de son entourage à Marseille ignoraient l’existence de la Shoah. Elle alertait le public sur cette ignorance. Remercions, avec elle et l’équipe du film, tous ces gens qui s’attellent à dire la dureté du monde.

1 Gloria Mundi, fiction, Robert Guédiguian, France, 2019, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson

1 Gloria Mundi, fiction, Robert Guédiguian, France, 2019, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stevenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet. Scénario de Serge Valetti et Robert Guédiguian.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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