Un quartier populaire de Montréal vit une action de développement communautaire. Andrée Pilon Quiviger y voit un souffle d’espoir tant pour les habitants du quartier que pour la jeunesse québécoise.
L’auteur révèle d’abord la souffrance par des portraits de femmes : « Quand le corps et l’amour de soi échappent si obstinément, on éprouve la honte d’être soi-même ». (...) « Croître à l’envers, c’est développer la méfiance au détriment de l’espoir, cumuler la honte et le doute au détriment de l’autonomie ». (...) « Un jour, j’ai compris qu’il valait mieux confier mon aîné à un foyer normal », à partir de quoi Luce perdit l’aptitude à rencontrer le regard d’autrui.
Qu’est-ce qui peut provoquer une rupture dans le cercle des fatalités où vivent ceux qui ne sont habitués à ne côtoyer que le versant noir de la vie ? La détresse humaine ne s’arrange guère de la bureaucratie. Une petite équipe venant habiter ce quartier délaissé va susciter un climat obligeant ces hommes et ces femmes à reconsidérer la vie.
Ce récit concret fait comprendre des actions et des modes d’approche grâce auxquels jeunes et adultes redécouvrent les forces qui sont en eux, et donnent un sens à leur vie. Les premiers animateurs « savaient mieux que les prophètes, nommer les pierres d’attente et diriger le souffle (communautaire) jusqu’aux retranchements de la misère comme dans les zones les plus fertiles. »
Cette expérience est particulièrement intéressante pour le Quart Monde, car si elle s’appuie sur les forces les plus dynamiques, elle cherche à atteindre les habitants les plus enfermés, en un développement qui profite à tous.
Ce livre illustre l’infiltration de la misère dans la vie des hommes au quotidien. C’est là qu’il faut trouver les chemins pour la dépasser. .