Violette Prevoir, Sans bagages

Editions d’en bas, Lausanne, 1979, 95 pages

Marie-Thérèse Deprez

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Violette Prevoir, Sans bagages, Editions d’en bas, Lausanne, 1979, 95 pages

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Marie-Thérèse Deprez, « Violette Prevoir, Sans bagages », Revue Quart Monde [En ligne], 132 | 1989/3, mis en ligne le 18 mai 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8874

Violette naît en 1924 à Vienne en Autriche. Malade et brutalisée par une mère qui se suicide, l’enfant vieillit prématurément.

Violette fait le tour de la famille, élevée dans un milieu « plein de contradictions et d’injustices ». Un viol à 14 ans la traumatise profondément. Sa tante la brutalise physiquement et moralement, l’empêche de faire les études désirées et de se marier.

La guerre trouve pourtant une adolescente pleine de courage physique et moral, de vitalité et de révolte contre l’ordre nazi. Violette la terminera dans un camp d’internement, minée par une grave maladie. Pendant ces longs mois d’enfermement, elle réagit en réussissant à faire passer deux lettres dénonçant les torts physiques et moraux que subissent les internées. Après la guerre, Violette travaille en Suisse comme domestique, ouvrière et infirmière de nuit. Elle est souvent malade. Jeune et jolie, elle fait deux mariages de raison, actes d’une mal- aimée qui veut donner son trop-plein d’amour aux autres. Ses conjoints la traitent avec mépris sur les plans affectif, sexuel et financier. Mais Violette a un grand sens de la dignité, elle se révolte à temps, recherche constamment l’autonomie financière. Elle a le sens du désintéressement, de la tolérance et du pardon.

Comment les femmes du quart monde peuvent-elles lutter contre le mépris en cascade de la société et du mari ? Comment peuvent-elles être reconnues dans leur intimité, leur sens maternel, leur personnalité, dans une société où règne le mépris pour les perdants, où l’homme devient souvent agressif pour sa compagne ?

Quand on a été abandonnée, mal aimée dans son enfance, on a des difficultés à établir des relations d’amour et de négociation avec son partenaire. Le manque de chaleur familiale et de sécurité psychique des débuts de la vie sont encore plus traumatisants que la misère.

Mais Violette, par la lutte contre la pauvreté, la frustration, la maladie, et, à la fin, le désespoir, s’est forgé une nature très énergique. Son message est altruiste : « si on ne sait pas animer et ranimer la flamme de l’amour et de l’amitié, comprendre et aider autrui, alors malheur à nous ».

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