Edgar Morin, Nicolas Hulot, L’an I de l’ère écologique

Ed. Tallandier, Paris, coll. Histoire d’aujourd’hui, 2007, 127 p.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

Bibliographical reference

Edgar Morin, Nicolas Hulot, L’an I de l’ère écologique, Ed. Tallandier, Paris, coll. Histoire d’aujourd’hui, 2007, 127 p.

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Edgar Morin, Nicolas Hulot, L’an I de l’ère écologique  », Revue Quart Monde [Online], 210 | 2009/2, Online since 01 October 2009, connection on 14 December 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9076

Un livre d’actualité !

À lire car il s’interroge sur la nature, sur la culture, sur l’homme dans son environnement. Il éclaire les questions fondamentales sous-jacentes aux crises qui secouent notre monde. Il reprend différents articles de presse anciens de Edgar Morin, et un entretien récent entre Edgar Morin et Nicolas Hulot, fondateur de Ushuaia nature.

On trouvera dans ces pages, une définition de l’écosystème Terre, une définition de la biosphère, une critique du développement économique occidental érigé en modèle pour le monde entier, une critique de la science cloisonnée mais aussi des pistes de solution.

Edgar Morin défend l’idée que la Terre dépend de l’homme qui dépend de la terre. Ce qui l’inquiète ce n’est pas la raréfaction des ressources énergétiques mais les menaces mortelles qui pèsent sur toute l’humanité et sur les conditions élémentaires de la vie sur terre.

Nicolas Hulot défend l’idée que « Nous avons des outils formidables pour endiguer la famine et sauver la Terre. Ce qui nous manque, c’est une volonté commune. La politique politicienne est obsolète par rapport aux enjeux ».

Chacun à sa manière interroge le dogme de la croissance. Edgar Morin ne croit pas au développement même sous sa forme adoucie de « développement durable » et Nicolas Hulot préfère le développement durable à une décroissance globale qui serait synonyme de récession.

La part d’un christianisme fermé à la nature, les sagesses africaines et les philosophies orientales sont évoquées. Nos idées sur le cosmos, sur la nature et sur les cultures nous façonnent, nous séparent mais peuvent aussi bien nous rapprocher.

Tout cela n’est ni trop savant ni désespérant. Ce n’est pas à un retour en arrière que ces auteurs nous convient mais à un véritablement dépassement.

Pour E. Morin : « Notre défi aujourd’hui, c’est celui de civiliser la terre, il n’y a pas de solutions prête à l’avance, mais il y a une voie ». Cette voie c’est de devenir citoyens de la Terre.

Pour N. Hulot : « L’impératif écologique nous donne une occasion inespérée de nous rassembler. L’heure de la réconciliation a sonné ».

Cela les conduit à préconiser la nécessité d’une instance de gouvernement pour notre mère–patrie et le développement d’une pensée politique planétaire pour construire une société-monde se donnant le but de poser les bases d’un projet de civilisation partant de la réalité : notre origine commune et notre communauté de destin.

Ainsi pour conclure, Edgar Morin dit-il de l’espérance : « Comment ressusciter l’espérance ? Au cœur de la désespérance même : quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se désintègre ou bien il se métamorphose. Qu’est-ce qu’une métamorphose ? C’est une transformation où l’être s’autodétruit et s’auto-construit de façon nouvelle, à l’instar de la chenille qui devient papillon afin de voler. L’espérance est cette métamorphose vers laquelle vont confluer des courants qui parfois s’ignorent, tels l’économie solidaire, le commerce équitable, la réforme de vie. De partout à la base, les solidarités s’éveillent... »

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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