La mère, on l’appelle La Varienne, personne ne sait pourquoi. C’est l’idiote du village. Et Luce est sa petite.
Toute la vie dans leur taudis tourne autour de leurs corps et du silence, dans une lourdeur opaque.
Arrive le jour où la petite doit aller à l’école - c’est obligatoire ; leur monde de fusion s’écroule.
Luce décide très vite que l’école ne l’aura pas ; elle refuse résolument d’apprendre et elle va demeurer avec sa mère, égarées toutes deux dans l’ici et maintenant, liées par un pacte tacite.
C’est compter sans Madame Solange, institutrice attachée passionnément à ouvrir l’esprit des enfants. Avec patience et douceur, elle met toute sa foi à introduire des mots et des chiffres dans l’esprit de Luce qui résiste de toutes ses forces. Si bien que Madame Solange finit par en perdre ses repères et son innocence de jeune professeur pour entrer et demeurer, elle aussi, dans un questionnement sans fin … Jusqu’au moment où lui arrive - mais très, trop tard pour elle - la preuve que ses tentatives n’ont pas été vaines.
Un texte concis, déroutant, attachant. Maîtrisant l’art de la polysémie, Jeanne Benameur considère l’écriture et la littérature comme une énergie renouvelable, gardant auteur et lecteurs en vie, ce genre de vie puissante qui surgit du « très-bas ».