« Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir ajouter un mot de cinq cents pages à cette histoire... ? » épilogue Pierre Assouline, écrivain et biographe prolifique. Tout et son contraire n’a-t-il pas été dit sur Job, symbole du juste confronté au mal et à la souffrance ? Son roman se lit d’abord comme une immense enquête relatée avec érudition, avec cette maîtrise du mot inédit et ce choix de métaphores déroutantes qui tiennent le lecteur en haleine et en curiosité admirative, enquête poursuivie cependant dans l’extrême solitude du « biographe de fond ».
Car là est sans nul doute la clé de toute cette entreprise : « Noircir cinq cents pages pour en dissimuler cinq parmi elles ... » La recherche érudite de Pierre Assouline, qui l’a mené dans les bibliothèques et musées du monde entier, se révèle peu à peu être un voyage au centre de soi-même. Au centre de lui-même. Au creux d’une souffrance personnelle et familiale jusqu’ici indicible. L’enquête prend dès lors une autre dimension : comment Job, - qui n’a sans doute pas existé comme personnage historique-, comment cet homme accablé qui se mue douloureusement en rescapé, peut-il nous tendre la main et ramener à la vie d’aujourd’hui ceux qui ont traversé des épreuves sans nom ? Peu importe la véracité de son existence historique : sa quête, ses doutes, sa révolte d’homme souffrant, transmis jusqu’à nous à travers les âges, nous sont infiniment proches. L’attitude ambiguë de son entourage croyant lui venir en aide, également. Un livre passionnant, pour lecteurs qui ne redoutent pas de se laisser emmener sur des chemins de traverse, confiants en la capacité de l’auteur à les conduire, avec détours certes, mais sûrement, sur un chemin de vie.