L’auteur, professeur à l’Institut d’histoire de l’Académie des sciences de Pologne, s’inscrit dans le prolongement des travaux de Bronislaw Geremek, qui a si fortement contribué à faire connaître l’histoire des pauvres et de la pauvreté. Qu’est-ce que le bannissement ? Un instrument dans les « constructions pénales » des sociétés à divers stades de leur organisation ; il consiste dans la condamnation du coupable, c’est-à-dire la condamnation de celui qui est considéré tel, en droit coutumier ou, plu tard, en droit écrit, à être symboliquement et physiquement exclus de la communauté que ses actes et sa présence ont souillée :
« Suivant la dichotomie pur/impur, le rétablissement de l’ordre suppose l’isolement du coupable, afin de purifier la communauté de la souillure ; effet de la violation d’un interdit, la souillure éveille la crainte d’une vengeance. La prévision d’un châtiment inévitable met en mouvement les mécanismes de défense. Le mal inhérent à la souillure se manifeste dans l’infortune, le malheur, les maladies. Pour inverser le sort, il faut effacer la souillure, éloigner le coupable »
Sommes-nous au Moyen Age ? Il suffit de lire la presse et les débats actuels, en cet hiver 1996-97, sur l’expulsion des mendiants ou l’enfermement préventif des personnes démunies de logement, pour constater que les attitudes, comportements, procédés et procédures d’exclusion sont de tous les temps et (probablement) de toutes les cultures. Il en sera toujours ainsi, jusqu’à ce que les droits de l’homme soient non seulement proclamés mais effectivement appliqués.