Jules Gazon, Ni chômage, ni assistance, Du choix éthique à la faisabilité économique

Ed. L’Harmattan, Paris, coll. Questions contemporaines, 2007, 283 pages

Daniel Fayard

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Jules Gazon, Ni chômage, ni assistance, Du choix éthique à la faisabilité économique, Ed. L’Harmattan, Paris, coll. Questions contemporaines, 2007, 283 pages

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Daniel Fayard, « Jules Gazon, Ni chômage, ni assistance, Du choix éthique à la faisabilité économique », Revue Quart Monde [En ligne], 205 | 2008/1 et 2, mis en ligne le 01 octobre 2008, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9179

Au point de départ de son analyse et de sa réflexion, l’auteur, professeur émérite de HEC-école de gestion de l’université de Liège, juge intolérable « l’inactivité des personnes en âge de travailler et en bonne santé physique et psychique ».

Il s’insurge contre l’acceptation du chômage ou plutôt contre le fait de laisser au marché du travail et à des politiques d’assistance réparatrice les problèmes d’équité qu’il soulève.

C’est pour lui une soumission à l’ordre économique alors que celui-ci devrait être encadré par les choix éthiques de nos sociétés démocratiques, fondés sur les principes de liberté et d’égalité.

Il entend montrer qu’au regard d’une éthique de l’égalité de tous « dans la capacité de faire de chacun » (cf. les capabilités de Amartya Sen), il importe d’imposer une société sans chômage.

Il s’agit de rendre effectifs tant le droit au travail pour tous ceux qui sont en âge et en santé de travailler que le double devoir de travailler et de faire travailler.

D’une part, il importe de supprimer toutes formes d’assistance financière aux inactifs valides, qui seront désormais reconnus comme des travailleurs productifs, rémunérés pour leurs offres de service à rendre ou pour leur insertion dans des cursus appropriés de formation qualifiante ou requalifiante.

D’autre part, il importe qu’il y ait dans une société considérée suffisamment de demandes de services à rendre de la part des particuliers, des ménages, des associations, des collectivités publiques, des entreprises : des demandes « contraintes » en quelque sorte avec l’octroi de « crédits de proximité » portant obligation de les dépenser en achat de « services de proximité ».

L’auteur s’emploie à démontrer la faisabilité économique de cette refondation du rapport au travail et à répondre aux objections de diverses natures à son encontre. Il prend soin de souligner que ce système - plus respectueux de la dignité de tous - ne coûterait pas plus cher que la somme des multiples allocations actuelles d’assistance.

Il prend en compte les besoins de soutien et d’accompagnement des moins qualifiés tout en affirmant leur droit au travail, c’est-à-dire leur droit à pouvoir eux aussi rendre des services et à être rémunérés pour cela.

Autant la saisie de son projet de société est relativement intelligible - sa réflexion est même très stimulante - autant certains développements justificatifs de son analyse et de ses propositions - notamment ses références à des modèles mathémathiques - laissent en perdition le lecteur non initié à ce type de langage.

Daniel Fayard

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