Rohinton Mistry, L’équilibre du monde

Editions Albin Michel, 1998, 694 pages. Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain avec le concours du Centre national du Livre. 1ère édition à Toronto en 1995, sous le titre « A fine balance »

Daniel Fayard

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Rohinton Mistry, L’équilibre du monde, Editions Albin Michel, 1998, 694 pages. Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain avec le concours du Centre national du Livre. 1ère édition à Toronto en 1995, sous le titre « A fine balance »

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Daniel Fayard, « Rohinton Mistry, L’équilibre du monde », Revue Quart Monde [En ligne], 170 | 1999/2, mis en ligne le 27 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9483

Le livre s’ouvre sur une citation d’Honoré de Balzac : « Sachez-le : ce drame n’est ni une fiction ni un roman. All is true » et se termine en dernière page de couverture par une série d’appréciations élogieuses saluant le talent de l’auteur, révélation de la littérature anglo-indienne contemporaine : une fresque bigarrée et sensible, une parabole de la condition humaine, l’odyssée d’une nation, une immense saga aux vertus stimulantes et magiques, une œuvre de génie, un roman-fleuve charriant dans ses remous un flot de sentiments, d’émerveillements et de révoltes...

Oui vraiment, un ouvrage d’envergure, remarquablement construit et passionnant à lire, d’autant plus qu’il bénéficie d’une très bonne traduction en français. Le lecteur est constamment introduit dans la pensée des différents personnages et littéralement séduit par la qualité et la familiarité de leurs dialogues. Il apprend ainsi ce qu’est la vie au jour le jour de petits commerçants et artisans aux prises avec la précarité de leur existence, de mendiants et d’habitants de bidonvilles aux prises avec l’adversité de la misère, mais plus encore peut-être avec les pratiques ambivalentes ou cyniques de ceux qui ont une position sociale supérieure à la leur.

C’est une plongée dans la société indienne des années 1975-1984, traversée par de multiples tensions ethniques, culturelles, économiques, sociales, religieuses, politiques qui donnent lieu parfois à des flambées de violence dont les plus pauvres sont particulièrement victimes : le système des castes, la stérilisation imposée, les travaux forcés, la politique d’embellissement, l’endettement, l’exploitation des mendiants...

Un monde en équilibre instable où, faute de sécurité et de tolérance, tout peut basculer, les projets et les espoirs d’une vie meilleure comme les aspirations à la paix et à la fraternité entre les hommes. Dans ce contexte incertain et toujours défavorable, comment ne pas admirer le courage, la persévérance, la générosité, la grandeur morale de ces hommes et de ces femmes, de leur parenté et de leurs relations, dont les destins croisés nous délivrent un message fort qui transperce le malheur... même si, au bout du compte, on ne voit pas se dessiner pour eux ce qu’on appelle un avenir.

Daniel Fayard

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