Luc Adrian, Des fleurs en enfer, Fioretti du Bronx

Ed. Presses de la Renaissance, Paris, 2000, 252 p.

Daniel Fayard

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Luc Adrian, Des fleurs en enfer, Fioretti du Bronx, Ed. Presses de la Renaissance, Paris, 2000, 252 p.

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Daniel Fayard, « Luc Adrian, Des fleurs en enfer, Fioretti du Bronx », Revue Quart Monde [En ligne], 175 | 2000/3, mis en ligne le 01 février 2001, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9487

Cet ouvrage contient de très belles photographies et 40 petits récits très édifiants rapportés par l’auteur de trois séjours dans le Bronx (circonscription de New York, un des plus vastes quartiers de pauvreté du territoire américain), plus précisément dans la fraternité Saint-Crispin fondée en 1987 entre la 155ème et la 156ème rue, dans le quartier de Melrose, par des “Franciscains du Renouveau”. Ces capucins qui ont voulu embrasser une vie évangélique plus radicale et plus conforme à la règle primitive de leur fondateur, saint François d’Assise, ont manifestement séduit le jeune journaliste-reporter.

Les photographies donnent à voir ces frères bien identifiés (robe de bure avec corde et chapelet à la ceinture, barbe au menton et sandales sur pieds nus) vaquant à leurs prières, à leurs rencontres avec des adultes, à leurs jeux avec des enfants, à leurs activités caritatives. Elles révèlent la joie sur les visages des uns et des autres, qui transperce la précarité des lieux et des situations.

Les récits sont d’un genre tout-à-fait particulier. Ce sont des « fioretti » : on aime ou on n’aime pas. Généralement centrés sur un frère, ils apportent un double éclairage. D’une part sur l’itinéraire humain et spirituel qui a pu conduire quelqu’un à changer de vie au point de devenir non seulement religieux mais engagé auprès des plus pauvres. D’autre part sur des faits ou des événements survenus dans sa nouvelle vie (tous plus ou moins surprenants, inattendus, mystérieux et donc mémorables), dont il a été le témoin, l’acteur ou la victime : ils tournent toujours à s’émerveiller des ruses du destin ou de la providence pour parvenir à une fin heureuse, porteuse d’espoir ou révélatrice de sens, sans gommer les dures réalités vécues : la vie à la rue ou en centre d’hébergement, la mendicité, la drogue, le sida, la misère, la violence, la prostitution, la prison, les rapports conflictuels avec les policiers et les juges, la mort précoce...

Beaucoup de ces religieux, encore jeunes, ont eux-mêmes galéré dans une vie antérieure, où ils ont en quelque sorte expérimenté dans leur chair que “personne ne peut lutter seul contre le diable”. Le fait d’avoir trouvé eux-mêmes une communauté de frères semblables à eux leur donne une force rayonnante pour ne laisser personne sans soutien ni fraternité. Leur simplicité de vie et leur engagement quotidien auprès des plus pauvres peuvent être un signe d’encouragement pour permettre à certains qui liront ce livre de se dire : pourquoi pas moi ?

Daniel Fayard

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